Chaque année,leFestival du Film Coréenà Paris programme des dizaines d’œuvres cinématographiques,des blockbusters aux films indépendants.Pour cette saison,nous avons eu la chance d’assister au film d’ouverture “My daughter is a zombie”,grand succès au box-office coréen.Nous avons aussi vu deux films de la sectionPaysage:“Summer’s Camera” et “Boy in the Pool”,des drames romantiques qui sont les premiers longs-métrages de leurs réalisatrices respectives.
Nous revenons sur ces trois œuvres,qui explorent la nature humaine et les relations interpersonnelles dans des tons tout à fait différents.
OUVERTURE
My daughter is a zombie de PIL Gam-sung

Année de production:2025
Durée:1h54min
Genre:Comédie fantastique
Synopsis:Jung-hwan élève seul sa fille,Soo-ah,passionnée de danse.Quand une épidémie de zombies éclate et que l’adolescente est mordue,Jung-hwan fuit la ville pour se réfugier chez sa mère,dans un petit village côtier.Alors que les autorités traquent les derniers infectés,Jung-hwan doit absolument cacher l’état de sa fille zombie.Et en tant que dresseur animalier,il a plus d’un tour dans son sac…
L’avis de Mélanie→Si un être aimé devenait un zombie,que feriez vous?Tomberez-vous dans le pathos ou feriez-vous tout pour le sauver?C’est dans un ton tragi-comique que ce film tente de répondre à cette question.Prenez un film de zombie apocalyptique traditionnel et cassez en tous les codes avec humour et vous aurez “My Daughter is a Zombie”.Adaptation du webtoon du même nom,le film propose deux heures de réflexion sur l’humanité,l’amour filial et la considération des malades dans notre société.
Nous avons eu la chance de recevoir le réalisateur Pil Gam-sung pendant la séance.Pour lui,le traumatisme du confinement pendant la période Covid étant encore ancrée et a servi de terreau d’inspiration.Il traite le sujet du soin apporté à la personne malade dans une belle gradation alors que Soo-Ah est d’abord acceptée et traitée par son père Jung-Hwan,puis par sa grand-mère,puis par les amis du père,et enfin par le reste du village.Un beau message d’espoir alors que tout semble impossible.
Le choix du casting pour ce film est particulièrement réussi car Pil Gam-sung a pensé à Jo Jungseok(Hospital Playlist,Pilot,…)en écrivant son personnage de Jung-Hwan.Sa fluidité entre la comédie,les scènes de danse et la tristesse sont remarquables.De même que Lee Jung-eun,qui fait une grand-mère intimidante et drôle merveilleuse et dont les talents d’actrice et l’adaptabilité ne sont plus à prouver. En somme,une adaptation réussie du webtoon qui a été réinterprété par le réalisateur dans un film gai et émouvant porté par un casting fort.
SECTION PAYSAGE
Summer’s Camera(여름의 카메라)de Divine SUNG

Année de production:2025
Durée:1h23
Genre:Drame romantique
Synopsis:Depuis la mort de son père,Summer ne prend plus de photos.Il lui avait offert son vieil appareil argentique,avec une pellicule entamée quand lui-même était lycéen.Lorsqu’elle tombe amoureuse,Summer retrouve le goût de la photographie.Mais en développant la vieille pellicule,l’adolescente fait une découverte inattendue sur son père.Elle décide de retourner sur les traces de son passé…
L’avis de Rachel→ Alors que l’image des personnes queer en Corée du Sud commence enfin à s’éclaircir,“Summer’s Camera” offre un moment de tendresse et de découverte à l’image d’uncoming of age.
Avec son premier béguin,Yeoreum reprend goût à la photographie,elle qui l’avait délaissée à la mort de son père.La photo est un des éléments clés de l’histoire–elle arrête le temps,fige le moment dans un écrin argentique qu’elle peut décider,ou non,d’imprimer.C’est d’ailleurs en faisant développer la dernière pellicule de son père qu’elle en apprend plus sur le passé de celui-ci.
Elle découvre l’identité queer de son père,allant à la rencontre de celui qu’il a aimé dans son adolescence.L’histoire de Yeoreum et Yeonwoo est étrangement similaire à celle de Jihoon,père de Yeoreum,et Maru–ce parallèle aide Yeoreum à comprendre son identité d’autant plus.
Yeoreum affronte ses premières fois:premier amour,premier baiser,premier cœur brisé,avec tout le courage d’une jeune adolescente naïve qui n’en a que faire du monde extérieur.Les scènes de coming out sont enveloppées de simplicité et de banalité,comme pour faire comprendre au public du film qu’il n’y a rien de sensationnel à ne pas être hétérosexuel.Le coming out n’est d’ailleurs pas le point focal deSummer’s Camera.
Lors de la séance,nous avons pu également assister à un Q&A de la réalisatrice Divine Sung qui a échangé sur les thèmes principaux de ce long-métrage indépendant:la photographie,le deuil et l’identité queer.
Filmé en seulement 18 jours et avec peu de moyens,Divine Sung réussit à émouvoir avec des plans à la fois subtils et criants d’émotions.
Boy in the Pool(보이 인 더 풀)de RYU Yeon-su

Année de production:2024
Durée:1h29
Genre:Drame romantique
Synopsis:Seok-young,13 ans,adore nager.Alors qu’elle vient d’emménager dans une petite ville de bord de mer avec sa mère et sa sœur,elle ne tarde pas à fréquenter la piscine.C’est là qu’elle fait la connaissance de Woo-ju,qui ne met jamais un pied dans l’eau.Le jeune garçon a un secret,qu’il va confier à Seok-young.Leurs vies vont s’en trouver changées à jamais.
L’avis de Coline→ AvecBoy in the Pool,la réalisatrice Ryu Yeon-su fait ses premiers pas dans l’univers des long-métrages.Un pari réussi pour ce qui touche à l’esthétisme,mais qui pousse à mon sens trop le contemplatif.
Alors que l’on pense suivre une simple histoire d’amitié entre deux enfants qui se rencontrent à la piscine,c’est une véritable relation de confiance qui se crée entre eux.Un lien qui va traverser les années et de nombreuses épreuves.Parviendront-ils à se retrouver?
Boy in the Poolest unslowburn,une histoire qu’il faut prendre le temps de savourer,sans se ruer dans la scène suivante.Les plans s’étirent et reflètent le temps qui passe alors que les silences se multiplient,se prolongent et participent pleinement au déroulé du scénario.C’est sans aucun doute un film contemplatif,peut-être trop pour les spectateurs habitués à des œuvres plus saccadées dont l’attention peut vite se perdre et qui peuvent se retrouver frustré face à une telle lenteur.
Chaque plan est une œuvre d’art:les jeux de lumières appuient une certaine douceur,chaque ombre semble avoir une importance.Les couleurs froides évoquent la mélancolie que l’on peut ressentir en grandissant.On se laisse plonger dans l’ambiance,submerger par les émotions des personnages dont la sensibilité se fait ressentir tout du long.
En bref,Boy in the Poolest un long-métrage sincère,poétique,presque introspectif,qui finit par perdre toute tension dramatique du fait de sa lenteur volontaire.
Merci à l’équipe du FFCP pour leur accueil et invitation!







