Après un dernier comeback avec « XOXO » en octobre 2021, c’est peu dire que les fans étaient en grande attente du grand retour de la gagnante de Produce 101. Entre deux Tiktoks et challenges avec sa petite sœur Evelyn, Jeon Somi a enfin annoncé pour le 7 août la sortie de son mini album « Game Plan » avec la title track Fast Forward. Alors, est-ce que ça valait une attente de presque 2 ans ?
« Game Plan » comporte 5 titres, pour une durée de 14 minutes. Jeon Somi a contribué à l’écriture des paroles sur 4 titres, à la composition sur 3 d’entre eux. Les concepts pictures annoncent un mood assez sombre, avec des dés, des échecs, des cartes à jouer et Jeon Somi en reine du plateau de jeu.
Pour Fast Forward, la title track, cependant, l’ambiance est radicalement différente : police d’écriture futuriste, grosse moto, on peut s’attendre à des sonorités qui rappellent les années 2000- 2010. Et ça n’a pas loupé : le titre fait largement appel à la pop mainstream des années 2010, dominée par l’EDM et en particulier le genre musical « deep house ». A la première écoute, on a l’impression de se retrouver face à un mix entre Clarity de Zedd et Foxes et Vogue de Madonna. C’est ça le pouvoir de la kpop : mixer les influences pour créer quelque chose d’extrêment catchy.
Passons en revue les différents titres de « Game plan » !
Gold Gold Gold
Le premier morceau de ce mini-album est très clairement hip-hop, avec une instrumentale minimaliste, comprenant des sons presque enfantins accompagnés de basses profondes. Il montre la maîtrise de Jeon Somi dans son registre de voix grave. Elle est aussi à l’aise en coréen qu’en anglais, avec une énonciation puissante. Les paroles se font egotrip, une ode à tout ce que Jeon Somi est devenue depuis ses jeunes débuts.
Fast Forward
Cette title track mélange les influences, comme dit plus haut. La chanson est nostalgique, mais évoque le futur : la contradiction s’explique par le voyage dans le temps que Jeon Somi entreprend, à la conquête d’un amant rêvé, voyage qu’elle voudrait accélérer. Cette thématique de science-fiction s’accompagne de paroles appropriées : « déesse », « cheffe », « temps distordu ».
Juste avant le refrain, Jeon Somi compte jusqu’à 3 avant d’offrir un un drop digne des meilleures soirées eurodance de nos années collèges. Elle nous embarque dans une chorégraphie innovante, mélange heureux de tectonik (seuls les français auront la référence de ce genre de danse émergent dans la fin des années 2000 à Paris), voguing et tutting. Ses danseurs forment avec elle un tableau parfait, montrant une chorégraphie énergique et pleine d’assurance.
Le deuxième couplet s’inspire du genre de musique « ballroom » avec ses paroles scandées plus que chantées. Le second pré-refrain donne l’occasion à Jeon Somi de faire s’envoler sa voix dans des adlibs absolument magnifiques. Le bridge offre plutôt un moment d’introspection. Le dernier refrain se fait encore plus entraînant, avec un synthé plus présent, accompagné d’une chorégraphie changée et reboostée. Le morceau s’arrête presque trop vite, avec une durée de seulement 2min40 !
Le clip de la chanson est travaillé dans une palette de tons roses et blancs. Entre passé, présent et futur, Jeon Somi se construit une personnalité de plus en plus puissante, à la recherche de l’amour et d’elle-même. C’est beau, méticuleux, et les scènes de danse sont certainement les plus marquantes. On repère même des clins d’œil à d’anciens clips (comme celui de Dumb Dumb). Jeon Somi prouve encore une fois son talent pour captiver la caméra.
La chanson est très accessible grâce à son cocktail d’influence et saura marquer les esprits. Sa chorégraphie est devenue virale avant même la sortie ! cf le tweet de bilal Hassani
Fxxked Up
Jeon Somi a qualifié cette chanson d’une de ses préférées sur l’album. Avec encore une production plutôt minimaliste, elle démarre en posant sa voix sur des paroles à charge de revanche. Les instruments évoquant l’été, on reconnaît la patte du producteur TEDDY.
La suite de la chanson exprime le sentiment d’ingratitude que Somi ressent face à, on le suppose, un ex peu scrupuleux. La 2e partie du refrain se fait presque joueuse. On aurait presque envie de danser à la fin, pour se libérer de cette relation détestable. La production fait encore un clin d’œil à Dumb Dumb, avec un petit sifflement identique. Cet album a décidément le sens du détail !
Pisces
Changement d’atmosphère radical avec Pisces. C’est une chanson plus calme, plus douce, n’exprimant pas la rancœur mais la nostalgie et l’amour. Le titre a été choisi car c’est le signe astrologique de Jeon Somi, qui en profite pour ajouter aux paroles beaucoup de métaphores marines. Un son de boîte à musique agrémente la chanson et permet à Jeon Somi de proposer une voix plus tendre, montrant sa versatilité.
The Way
Le voyage dans le temps se poursuit : The Way fait appel à des synthés très années 80, et des boîtes à rythme rappelant les meilleurs morceaux dansants de cette époque. Une guitare acoustique s’incruste même à certains moments clés. Les paroles regrettent une relation perdue, qui avait pourtant si bien commencée, ce qui fonctionne en particulier sur le pré-refrain. Entièrement en anglais, c’est la chanson de l’album qui fait le plus de clins d’œil à la western pop : on sent clairement l’influence des succès des dernières années de The Weeknd ou de Dua Lipa. Tout en gardant bien sûr la patte de Somi : sa voix unique, avec une texture bien à elle.
Verdict
Jeon Somi propose un album cohérent, aux thèmes certes traditionnels de relations amoureuses et d’empowerment, mais sait toujours garder son originalité. L’ensemble est clairement dominé par la title track, mais laisse de la place aux autres morceaux sans baisse de régime (il n’y a pas de vraie balade sur l’album). Sa voix, si particulière et reconnaissable, est très bien utilisée sur tous les morceaux, et joliment mixée. Seul regret : la durée du mini-album et des chansons individuellement, bien trop courte pour approfondir les thématiques.
La couleur générale de l’album, très similaire aux thèmes de Fast Forward, est nostalgique, mais va aussi résolument de l’avant, avec détermination. Jeon Somi y prend sa place de femme en charge de son destin mais toujours proche de ses émotions.