CINECLUB : Festival du Film Coréen à Paris 2023 : un panorama passionnant du cinéma coréen dans la section “Paysage”

Cette section est la plus importante du Festival du Film Coréen et présente en 11 films un panorama varié de tout ce que le cinéma coréen contemporain peut offrir, parmi les films sortis durant l’année précédente. Elle a notamment le mérite de se focaliser sur des productions indépendantes et intimistes, qui ne nous seraient pas parvenues en France autrement. Nous avons pu assister aux projections de 4 de ces films, et nous vous donnons sans attendre nos avis sur ces productions !

Peafowl 공작새 de Byun Sung-bin – 2022 – 1h54

SYNOPSIS : Myung est une danseuse de waacking courant les concours, en quête de l’argent qui lui manque pour finaliser sa transition. Mais son père, qu’elle n’avait pas vu depuis des années, décède subitement. Elle se rend à ses funérailles dans son village natal et affronte une famille conservatrice qui ne tolère pas la présence de cette femme transgenre. Quand un ami lui demande de participer à la cérémonie qui conclut les obsèques afin qu’elle touche l’héritage, elle décide de rester. 

→ L’avis de la rédac : Avec Peafowl, Byun Sung-bin signe un premier long-métrage émouvant et percutant autour d’une femme transgenre et de son douloureux retour aux origines. La thématique de la transidentité est traitée avec beaucoup d’humanité et de douceur, et on trouve en Myung un personnage fort et attachant, qui refuse de se compromettre et d’être autre chose que ce qu’elle est. Ses relations avec sa famille sont tantôt douloureuses, tantôt touchantes (notamment le lien qu’elle tisse avec son cousin adolescent), et le film réussit à être plein d’espoir sans tomber dans la naïveté. 

Byun Sung-Bin fait un parallèle entre le waacking (forme de danse que pratique Myung, née dans les clubs gays des Etats-Unis dans les années 70) et les rites ancestraux coréens pour en faire une métaphore d’une certaine continuité entre tradition et modernité. Malgré un petit budget, les couleurs et le soin accordé à la mise en scène subliment le propos, et on ressort de Peafowl ému et heureux d’avoir découvert ce petit bijou. C’est un vrai coup de cœur pour notre équipe, que l’on ne peut que chaudement vous recommander ! Le public du festival semble d’ailleurs être de notre avis puisque le film a obtenu le Prix du Public de la section Paysage.

Swallow 제비 de Leesong Hee-il – 2022 – 2h18

SYNOPSIS : Ho-yeon apprend que sa mère, Eun-sook, écrivaine en pleine séparation, a disparu. Pour percer ce mystère, il se plonge dans son dernier livre, Jebi, dans lequel elle relate son passé d’étudiante militante pro-démocratie dans les années 80, sous le régime militaire de CHUN Doo-hwan. Cette femme, finalement, Ho-yeon ne la connaît pas. 

→ L’avis de la rédac : Si le synopsis promettait un film politique, historique et intime à la fois, seul le dernier aspect est réellement développé dans le film. Long et poussif, le long métrage aurait gagné à être plus incisif, pour raconter cette histoire touchante et pleine de mystère. Les personnages sont tous un peu hermétiques et difficiles à apprécier, ce qui n’aurait pas été un problème si le rythme du film avait été mieux maîtrisé. 

La réalisation est sans éclat ; restent heureusement de belles performances d’acteurs et une histoire d’amour poignante. Ce n’est pas le meilleur film pour découvrir l’histoire de la Corée du Sud, mais ce film pourra vous plaire si vous appréciez les histoires de famille et les thrillers mystérieux.

Unidentified 미확인 de Jude Chun – 2022 – 1h20

SYNOPSIS : En 1993, d’immenses ovnis en forme de sphères sont arrivés de l’espace et se sont positionnés au-dessus des grandes villes du monde entier, Séoul, Paris, Istanbul, Rio… Les êtres humains ont alors cru que la fin du monde était proche. Mais vingt-neuf ans plus tard, les sphères sont toujours là, flottant silencieusement dans le ciel, et la vie continue.

→ L’avis de la rédac : Premier long métrage également, film aux moyens limités, ce film a tout pour dérouter avec sa succession de saynètes sans liens apparents entre eux – du moins, au premier abord. Presque expérimental par ses longs moments muets de contemplation, ou sa longue scène de danse, le film multiplie les formats, les acteurs et les genres pour proposer un portrait singulier d’une société bouleversée par des ovnis. Sa durée assez courte ne lui permet cependant pas de développer ses idées, et il en reste une sensation d’inachevé, et d’être resté sur le côté. 

Killing Romance 킬링 로맨스 de LEE Won-suk – 2023 – 1h47

SYNOPSIS : HWANG Yeo-rae, actrice populaire dont les talents sont parfois moqués, quitte le métier quand elle épouse le milliardaire Jonathan NA. Beom-woo, un fan qui habite juste en face de chez eux, devient le témoin privilégié de ce mariage toxique. Quand Yeo-rae désire retrouver les plateaux de cinéma et que son époux s’y oppose, elle voit en Beom-woo son meilleur allié. Entre eux, un pacte est signé.

→ L’avis de la rédac : Killing Romance est une proposition atypique et hilarante, mais dont on peine parfois à savoir où elle veut nous emmener. La première moitié de cette comédie sombre est parfaitement maîtrisée, avec un humour qui fonctionne très bien et des acteurs géniaux, notamment une Lee Ha-nee au sens du timing parfait et un Lee Sun-kyun aussi caricatural que terrifiant. 

Le film propose une nouvelle version hilarante du célèbre titre “Rainism” de Rain et réussit à nous faire rire sans perdre de vue la thématique de la relation toxique. On regrette une deuxième moitié moins efficace, durant laquelle le film se perd un peu, perdant du même coup son spectateur. Malgré tout, ce petit ovni reste une proposition intéressante, au style clairement inspiré de Wes Anderson, et dont on apprécie le caractère original et novateur.

Verdict

Cette section “Paysage” 2023 aura ainsi été pleine de surprises et de propositions intéressantes, mêmesi certaines étaient plus convaincantes que d’autres. C’est toujours un plaisir de découvrir davantage la diversité du cinéma coréen, et la qualité de la programmation du festival nous fait regretter de n’avoir pu assister à plus de projections. 

Nous espérons en tout cas que cet article vous aura donné envie de voir certains de ces films, et nous vous invitons à garder l’œil ouvert pour une éventuelle distribution en France (y compris ceux que ne mentionnent pas cet article) !

Et comme le FFCP, c’est bien plus que la sélection Paysage, nous vous invitons à découvrir notre avis sur les autres sections du festival ici !

Merci au Festival du Film Coréen à Paris pour son invitation

Auteur / autrice

  • Jeanne

    Co-présidente directrice de publication de dear. korea, fan de K-pop et plus largement de culture coréenne depuis 2017. Touche-à-tout dès qu’il s’agit d’art, quand je n’écris pas des articles je travaille sur des projets de roman, je crie en concert ou je flâne au musée.

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