postcard from korea : assister à un fansign

POSTCARD FROM KOREA : Assister à un fansign, mon expérience

9 minutes

Pour beaucoup de fans de K-pop, participer à un fansign tient de l’accomplissement ultime. Bien qu’il soit très difficile d’y accéder, les fans sont nombreux.ses à tenter leur chance. Notre reporter Rachel, en année sabbatique à Séoul, a fait partie des heureuses élues ! Tirée au sort pour participer à un fansign du groupe Loossemble, elle vous raconte son expérience à travers cet article rempli d’émotions.  

Votre autrice est décidément connue comme étant l’orbit (fan de LOONA) en cheffe. Trêve de plaisanterie, je suis une énorme fan de ce groupe, et leur séparation en plusieurs groupes et solo a été un moment assez dur à vivre. Pour autant, je n’ai jamais cessé de soutenir les douze membres auxquelles je me suis attachée depuis bientôt sept ans. 

SUPERFAN, UN INVESTISSEMENT MENTAL… ET FINANCIER. 

C.Loo (fans de Loossemble), OURII (fans d’ARTMS), KKOTI (fans de Chuu), Aengdu (fans d’Yves), vous le nommez… je le suis. Moi qui n’étais pas vraiment dans la collection K-pop il y a encore quelque temps, dès que je m’y suis mise, c’était pour ces douze femmes. 

Alors, quand j’ai vu que le comeback de Loossemble coïncidait avec mon arrivée à Séoul, je me suis dit « pourquoi pas? ». Un peu stressée car ayant un budget limité, je pensais que le « cut » serait bien trop élevé pour mes moyens. Et pourtant, j’ai cassé ma tirelire : cinq albums pour presque 100.000 wons, soit un peu plus de 68€ (l’équivalent de 3 albums en France, à condition d’être chanceux•se). 

*On appelle « cut » le nombre d’albums minimum à acheter pour être presque certain•e de remporter le tirage au sort. 

Sur le coup, je me dis que je rentabiliserais en revendant quelques photocards et les POB (pre-order benefits, cadeau de précommande). Mais surtout, si je gagne ce fansign, et que je peux les rencontrer… cela vaudra pour moi tout l’or du monde. 

Pour participer à ce type d’événement, les disquaires organisent des ventes éphémères d’albums. Généralement, ces ventes s’étalent sur deux jours – il faut donc être vif pour commander à temps. C’est également à travers ces événements que l’on peut obtenir des POB, ou pre-order benefits.

Puisque je n’ai pas encore de compte bancaire coréen, je me suis dirigée vers KTown4U, qui permet de payer avec des cartes étrangères. Une fois le panier validé, il n’y a plus qu’à attendre l’annonce des résultats sur le site.

POB de cet événement

ANGOISSE ET EUPHORIE. 

Deux jours plus tard, je me rends sur la page des annonces de KTown4U à plusieurs reprises. Je ne connais pas l’heure exacte de la publication des gagnant·es, alors j’actualise toutes les quelques heures. En réalité, l’heure est précisée par le shop sur l’annonce du fansign, mais je n’y avais pas fait attention.

Je suis impatiente de connaître les résultats. Même si je ne gagne pas, au moins j’aurais tenté, et je n’aurais pas de regrets. 

C’est vers vingt heures, alors que je viens de rentrer chez moi, que j’actualise une nouvelle fois et que je vois que l’annonce est parue. Je clique dessus en fermant les yeux, mon cœur battant à toute allure. J’ai peur, et j’avoue qu’à ce moment j’ai déjà eu le temps de me faire des idées. 

Remplie d’espoir, je descends doucement la page, toujours avec les yeux bien fermés. Je répète doucement « pitié, pitié », comme si cela allait changer le résultat. Et puis, après une grande inspiration, j’ouvre les yeux. 

Pendant une seconde, la déception. Mais j’ai regardé un peu trop vite la liste. En la lisant une seconde fois, je vois mon nom. Mon numéro de téléphone. Toutes les étoiles censées m’anonymiser un minimum tout en me rendant reconnaissable pour moi-même. 

Le début de mon prénom, la fin de mon nom de famille. Les numéros désormais familiers. Un sourire gigantesque se forme sur mon visage alors que les larmes me viennent aux yeux. Je réalise que je vais rencontrer les membres de Loossemble dans deux semaines. 

Avec les mains tremblantes, je préviens tout le monde. Je suis extatique – mes ami·es, mes followers sur Twitter, Instagram… Je dois le crier sur tous les toits, tellement je suis heureuse. 

Les messages de félicitations abondent alors que je reste assise devant mon immeuble, dans la rue, à sourire comme une idiote. 

Deux semaines à attendre… Cela me paraît trop long, maintenant. Mais j’ai le temps de me préparer, de réfléchir à ce que je pourrais leur dire, leur demander. 

Quelques jours avant la rencontre, je reçois un mail de KTown4U qui m’annonce que Hyeju ne sera pas présente au fansign pour des raisons de santé – évidemment, je ressens une pointe de déception. Mais aussi un peu de colère envers l’agence qui a dû la surmener pendant les promotions. On nous promet un appel vidéo avec elle pour remplacer notre créneau de fansign, mais que nous n’aurons pas son autographe. 

LE DEBUT DU FANSIGN.

Le jour J, je mets plusieurs heures pour me préparer. C’est un peu bête, mais j’ai envie de me faire jolie. Il s’agit d’un moment important pour moi, après tout. Alors, après une skincare extensive, je prends le temps de me maquiller et de choisir une tenue. 

L’entrée se fait à partir de 19h30, et bien que je n’habite qu’à deux stations de métro du COEX Starfield dans lequel se déroule la séance de dédicaces, je me mets en route une heure en avance. Au cas où. 

J’ai les mains moites tant j’angoisse. La veille au soir, j’ai préparé des post-its avec des petites questions. Des choses superficielles mais qui peuvent engager la conversation. Mon cerveau a décidé de ne pas coopérer, alors je suis contente de m’être bien préparée. 

Je récupère mon numéro et mon album à 19h30 pile, commence à préparer les pages que je veux faire signer en y plaçant mes post-its. Malheureusement pour moi, je tire le numéro 27. Trente sièges nous attendent, ce qui veut dire que je me retrouve tout derrière. 

La plupart des fans présents sont des fansites. Ils ont l’air habitués à ce genre d’événements, discutent entre eux et s’installent avec leurs trépieds et appareils photos. Sur les trente sièges, environ huit sont vides, les gagnants ne s’étant pas présentés. 

Les personnes présentes sont assez diverses – il y a des femmes et des hommes, certains au début de la vingtaine, et d’autres qui semblent être dans la trentaine. Je me rends compte à ce moment précis que Loossemble a su attirer un public varié en Corée.

Je me sens encore plus stressée au milieu d’eux, étant quasiment la seule étrangère présente. 

* Les fansites sont des personnes souvent présentes à chaque événement d’un artiste et qui prennent des photos et vidéos afin de les diffuser pour les autres fans. 

Un tout petit peu avant vingt heures, les filles arrivent calmement et montent sur l’estrade. Elles saluent l’audience et commencent à discuter avec nous. L’ambiance est tranquille, détendue. On dirait presque que les fansites sont des camarades, à force de les côtoyer. Je me sens d’autant plus petite et en dehors de ce monde. Le fansign se déroule entièrement en coréen. Heureusement pour moi, j’ai des bases et peut donc suivre un minimum les événements – malgré tout, je reste timide et n’ose pas participer. 

ET ENFIN, LA RENCONTRE.

En tant que numéro 27, je suis quasiment la dernière à passer. J’ai d’autant plus le temps de stresser et d’oublier tout ce que je voulais leur dire. Le staff vérifie mes questions, et hop, c’est à mon tour. 

En effet, les post-its ne doivent pas être « subversifs », alors seules les questions à choix multiples sont autorisées. Je vois d’ailleurs le staff confisquer des post-its, voire aussi rayer des réponses qui ne suivent pas les règles imposées par KTown4U. 

D’abord, c’est Hyunjin qui signe mon album. Je lui ai rapporté un petit sachet de Dragibus, sachant qu’elle aime les bonbons. Elle est ravie. Je lui parle en anglais du concert au Zénith de Paris avec LOONA le 13 septembre 2022, auquel j’ai assisté. Elle me demande quelle performance était ma préférée. Je n’ai pas besoin d’y réfléchir – c’est « Pose ». A ma plus grande surprise, elle me chante quelques-unes de ses paroles, et me parle avec aise. 

Rapidement, je change de siège et me retrouve en face de Yeojin. Elle ne parle pas très bien anglais mais fait de son mieux pour échanger avec moi, ce qui me touche. J’aimerais être moins timide et lui parler en coréen mais je n’ose pas pour le moment. Alors nous parlons de films de romance, et elle m’annonce que son film préféré est « Beauty Inside ».

Encore une fois, le temps passe vite et c’est désormais à ViVi que je m’adresse. Très gentille, elle comprend que c’est la première fois que je viens les voir. Lorsque je lui annonce que les fansigns s’avèrent coûteux, elle me répond qu’elle sait bien, mais qu’elle comprend les intentions de mon cœur et qu’elle apprécie ma présence ici. En vitesse, je lui dis que les fans français·es l’aiment beaucoup. ViVi m’annonce avoir très envie de revenir en France. 

Enfin, c’est avec Gowon que je termine ce tour de table presque expéditif. A l’instar de Yeojin, elle a du mal à parler en anglais, mais fait de son mieux pour communiquer. Encore nerveuse, je lui parle de mes débuts en tant qu’Orbit, lors du début de Yves. Très surprise, elle me dit « wow, such a long time » (« wow, ça fait longtemps »), et me remercie pour ma fidélité – je la remercie à mon tour d’avoir rejoint Loossemble. Pour finir, nous parlons rapidement de tteokbokki, qui s’avère être notre plat coréen préféré. 

Pendant une demi-heure après cela, les filles posent pour des photos et jouent à des jeux. L’angoisse redescend un peu, mais je me sens de plus en plus en décalage, tant les autres fans présents sont à l’aise avec les quatre membres présentes. En effet, s’agissant des fansites, ces personnes assistent à quasiment toutes les promotions du groupe. Ce qui veut dire qu’elles sont identifiées par les membres, et qu’une sorte de relation affectueuse s’est formée. 

CONCLUSION

Assister à un fansign est donc une expérience unique, un peu déroutante puisqu’il ne s’agit pas que d’une séance de dédicaces mais d’un moment privilégié avec l’artiste en petit comité. Évidemment, même avec des notions en coréen, la barrière de la langue a altéré ma vision personnelle dudit moment, que j’ai néanmoins apprécié et que je chérirais pendant longtemps. 

C’est une première expérience que j’espère pouvoir réitérer dans le futur, avec Loossemble, mais aussi ARTMS, Yves et Chuu. 


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