CHUU ONLY CRY IN THE RAIN

JUKEBOX : CHUU ne pleure que sous la pluie

8 minutes

dear. korea suit de près la carrière des douze membres de LOONA depuis leurs re-débuts. Le comeback de Chuu avec son EP Only cry in the rain ne nous aura donc évidemment pas échappé ! 

Chuu a fait son deuxième comeback avec le mini-album Only cry in the rain ce 21 avril, presque un an depuis sa dernière sortie. Avec une title track éponyme, comme c’était le cas pour Howl et Strawberry Rush, la dixième membre de LOONA dévoile de nouveaux atouts dans une performance mélancolique. Retrouvez notre revue, titre par titre, de l’EP “Only cry in the rain”. 

ONLY CRY IN THE RAIN

Chuu semble adopter une stratégie d’alternance entre title tracks upbeat (joyeuses) comme “Strawberry Rush” et chansons plus personnelles telles que “Howl”

“Only cry in the rain” reprend une ambiance que l’on avait déjà trouvé dans son premier mini album avec “Aliens” – synthétiseurs et percussions simples sont rejointes par une basse qui laissent place à la voix mélodieuse de Chuu. Cette production instrumentale et nostalgique permet à la chanteuse de transmettre des émotions mélancoliques avec des paroles remplies de regrets.

Plusieurs interprétations sont possibles lorsque l’on se penche sur les paroles, mais aussi le MV (clip vidéo). Amitié d’enfance gâchée par l’immaturité adolescente ou histoire d’amour saphique jalousé par le troisième ami de la bande ?  

We were in a world for two

(On était dans un monde pour deux)

Chuu utilise alors la pluie pour masquer le bruit de ses sanglots. La pluie est souvent associée à la mélancolie, mais c’est aussi une excuse pour laisser exploser sa tristesse. Gouttes de pluie et larmes se mélangent, cachant des sentiments qui peuvent rendre honteux. Pourtant, son amie la rejoint sous la pluie pour la consoler. 

Chuu perd ses deux amis dans son imaginaire – peur ou réalité ? Le MV passe subitement dans un style de dessin animé, l’idol se retrouvant seule sur le quai d’une gare. Puis, lors d’une sortie en vélo, les deux disparaissent à nouveau après avoir dépassé Chuu qui possède alors des ailes d’ange. 

On pourrait interpréter cela comme le simple fait de se quitter pour poursuivre différents chemins. Le trio d’amis ayant grandi dans ce qui semble être une petite ville, voire même un village, sans doute doivent-ils se rendre dans de plus grandes villes pour aller à l’université. Ou dans le cas de Chuu, devenir idol. Une situation malheureusement courante. Combien de fois avons-nous perdu des amis en changeant d’école ? En déménageant ? En quittant un travail ? 

Parfois, le temps efface cette amitié. On finit par oublier les gens qui ont, un jour, rythmé notre quotidien. Amis, collègues et amours deviennent de lointains souvenirs. Parfois, une certaine haine se développe, une rancœur envers un manque d’effort de l’autre personne de ne pas avoir essayé un peu plus de garder contact ou de changer quelque chose. 

Et alors que les deux amis partent ensemble, dans le train et à vélo, Chuu reste seule. 

Days after days, we loved each other like crazy

More and more, we hated each other to death

(Jour après jour, on s’est follement aimé

De plus en plus, on s’est détesté à mort)

Dans les teasers du comeback postés sur les réseaux sociaux de Chuu, on retrouve des photos de l’idol et son amie. Sur deux de celles-ci, on voit leurs visages et alors que Chuu regarde l’objectif sur l’une des deux, l’amie semble ignorer que des photos sont capturées. Ce qu’on voit ne sont que les souvenirs de Chuu, une partie de l’histoire dont on ignore le point de vue des autres personnages principaux. 

Capture decran 2025 05 29 095417
Crédit photo : ATRP

Pourtant, à la fin, on voit la chanteuse sourire en regardant la caméra, brisant le quatrième mur. On se retrouve, en tant que spectateur, comme étant l’ami-e perdu-e. Le dernier plan montre la bande des trois amis réunie, quittant un paysage désolé en silence. 

BACK IN TOWN

On change de registre avec “Back in town”, un titre RnB funky. Ici aussi on retrouve une production musicale assez épurée. Lors du troisième couplet, une talk box est utilisée et fait presque penser au vocoder des Daft Punk pendant quelques secondes.  

Encore une fois, c’est la voix mélodieuse de Chuu qui donne au titre tout son charme. Avec des harmonies et des échos, le titre devient de plus en plus intéressant. Tantôt détendue et légère, tantôt tirant sur les graves et quelques lignes parlées qui jouent avec la théâtralité, la voix de la chanteuse semble parfaitement correspondre à ce type de titres.

Comme le titre l’indique, Chuu retourne chez elle. Dans sa ville natale, elle y retrouve une personne spéciale – son premier amour. Même après des années sans se voir, les deux réalisent qu’ils s’étaient manqué depuis tout ce temps. 

KISS A KITTY

“Kiss a kitty” est sans aucun doute la chanson qui aura fait exploser la popularité de Chuu à l’international ces dernières semaines. Une fois encore, c’est un rythme rétro et funky qui nous accueille avec le registre aigu de la chanteuse.

Avec des éléments de new jack swing (fusion entre le RnB et le hip-hop), ce titre dansant et funky offre encore une certaine forme de théâtralité avec le post-refrain scandé par des voix masculines, le rap parlé de Chuu et autres éléments tout au long de la chanson. 

Le “kitty” (chaton) semble vouloir se référer à une fille, qu’elle voudrait donc embrasser. On retrouve dans les paroles plusieurs comparaisons entre les chats et cette personne : 

“She says i’m purr-fect” (elle dit que je suis parfaite) 

En transformant “perfect” par “purr-fect”, Chuu veut bien évidemment parler des ronronnements félins lorsque ces derniers sont satisfaits et se sentent aimés avec des attentions physiques (les caresser, les embrasser…). 

“And I don’t wanna kill the curiosity” 

Il existe un adage en anglais : curiosity killed the cat – littéralement “la curiosité a tué le chat”.* Mais ici, les paroles suivent la fin de l’adage (la satisfaction l’a ramené à la vie) : “I don’t wanna kill it, I just wanna kiss it” – je ne veux pas le tuer (le chat), je veux simplement l’embrasser. En l’embrassant, le chat est satisfait et ronronne.

Ces deux exemples ne sont en aucun cas une liste exhaustive, et nous vous invitons à vous intéresser aux paroles pour trouver d’autres comparaisons. 

“Kiss a kitty” a été associée par ses paroles à une chanson parlant d’un amour saphique, ce qui a été confirmée par l’autrice originale GiGi Grombacher. 

Chuu elle-même semble apprécier que la communauté LGBTQ+ s’approprie le titre, commentant même un Reel sur Instagram qui la remercie de participer à la Semaine de Visibilité des Lesbiennes. 

chuukissinsta

Au-delà d’une chanson entraînante, Chuu semble donc avoir touché un large public en dehors de la Corée du Sud avec “Kiss a kitty”. 

* En français, on dirait “la curiosité est un vilain défaut”. 

JE T’AIME

La quatrième chanson du mini album se nomme joliment “Je t’aime”. Sans surprise, il s’agit d’une chanson d’amour et même d’une déclaration à l’aide du français, langue largement considérée comme romantique. 

Les paroles sont pourtant bien éloignées d’une première déclaration romantique lors des débuts d’une relation. Les deux se connaissent depuis longtemps, se sont déjà probablement dit “je t’aime” des centaines de fois. L’amour est calme, une routine agréable. Il n’y a pas de doute sur les sentiments de l’un pour l’autre. 

Peaceful like a gentle breeze

Familiar like the flow of time

Natural like the little routines of life

(Pacifique comme une douce brise

Familier comme le court du temps

Naturel comme les petites routines de la vie)

Pourtant, plus la chanson avance, plus Chuu montre de passion. La production musicale s’étoffe, semble même s’accélérer, comme des battements de cœur lorsque l’on voit la personne aimée. Avec une répétition de “je t’aime” en conclusion, on sent comme une valse calme et assurée s’exécuter, un moment d’assurance entre les deux amants. 

NO MORE

Rapidement, on se retrouve déjà sur la conclusion de l’EP avec “No more”. Le synthétiseur est plus marqué et presque brut avec la répétition d’une boucle très simple, créant une ambiance audacieuse. Ce synthétiseur est rejoint par des percussions elles aussi assez fortes et brutales que les titres précédents. 

“No more” envoie un message de confiance en soi assez fort – certainement des mots que Chuu aurait aimé entendre à certains moments de sa vie. Bien que le rythme soit presque militaire, les paroles sont réconfortantes et poussent à s’affirmer. 

You don’t apologize, don’t let others trap you in their standards

(Tu ne t’excuses pas, ne laisse pas les autres t’enfermer dans leurs standards) 

CONCLUSION

Only cry in the rain en tant qu’EP donne un coup de fouet émotionnel à chaque chanson. L’agencement de la tracklist provoque une confusion lors de la première écoute, à tel point qu’il devient compliqué d’écouter l’album dans l’ordre. Pour autant, chaque chanson se démarque en son genre, à part peut-être “No more” qui semble être le titre le moins convaincant. 

Bien que “Kiss a kitty” ait détrôné “Only cry in the rain” en termes de popularité, ayant même surpassé cette dernière en termes de streams sur Spotify, la title track a été parfaitement choisie pour montrer un côté inédit des talents de Chuu.  


Nos derniers articles