Chaque année, le Festival du Film Coréen à Paris propose dans sa section “Paysage” un panel de films variés, représentatifs du paysage cinématographique coréen de l’année passée. Nous revenons pour vous sur 2 des 11 films présentés dans cette section !
Citizen of a kind de Park Young-ju
- Année de production : 2024
- Durée : 114 minutes
- Genre : Comédie d’action
Synopsis : À deux doigts d’obtenir un prêt qui pourrait la sortir de la banqueroute, Duk-hee réalise avoir été bernée par un arnaqueur qui s’est fait passer pour sa banque. Devant l’inaction de la police, cette mère de famille décide de se faire justice elle-même, avec l’aide de l’escroc, otage bien malgré lui du réseau de fraudeurs agissant depuis la Chine. Pour enquêter, Duk-hee peut compter sur ses copines de l’usine, direction Qingdao.
L’avis de Mélanie → Si vous aimez les intrigues détectives sur dose d’humour, vous frappez à la bonne porte avec “Citizen of a kind”. Avec un trio d’actrices bien connues que nous avons aisément envie de considérer comme nos taties (RA Mi-ran et YEOM Hye-ran entre autres), leurs dialogues et leur détermination sont addictives. La dichotomie entre l’humanité et la simplicité de Duk-hee et la violence inouïe du réseau de criminels qu’elle poursuit suffit à rendre le film palpitant. Le spectateur se sent impliqué dans l’affaire par le caractère “madame tout-le-monde” désespéré de cette femme qui n’hésite pas à aller jusqu’au bout quitte à se mettre en danger pour obtenir justice. Inspirés de faits réels, cette affaire est une belle leçon de ténacité, bien qu’on n’aurait jamais fait un quart de ce que Duk-hee fait.
On apprécie particulièrement ici les relations et liens entre chacun des personnages qui évoluent les uns avec les autres, que ce soit le trio d’amies de l’usine, mais aussi les malfaiteurs et l’agent de police. Chaque lien se nourrit d’une confiance ou d’une méfiance qui est amenée à changer au fur et à mesure que les indices de l’affaire se dénouent. La force de ce film tient, pour nous, dans tous ces détails relationnels et changement d’émotions, facilitées par un excellent jeu d’acteur, alors qu’on approche vers le dénouement. La colorimétrie du film qui change selon les indices et les lieux sur lesquels on se trouve (notamment à Qingdao en Chine) ajoute un aspect très esthétique au film dont la dualité entre le bien et le mal se fait ressentir. Pour cette section spécifique, les spectateurs devaient noter chaque film après la séance sur une note de 1 à 5 pour déterminer le Prix du Public à la fin du festival, et c’est “Citizen of a kind” qui en est sorti gagnant.
Concerning my daughter de Lee Mi-rang
- Année de production : 2023
- Durée : 96 minutes
- Genre : Drame
Synopsis : Mme Oh, aide-soignante quinquagénaire, s’occupe d’une vieille dame atteinte d’Alzheimer au sein d’une maison de retraite. Lorsque sa fille, la vingtaine, a du mal à payer son loyer, elle lui propose de venir se réinstaller chez elle. Mais c’est en couple, avec une femme, que sa fille rentre à la maison. Au grand désarroi de Mme Oh.
L’avis de Mélanie et Jeanne → Ce premier long métrage de LEE Mi-rang surprend par sa thématique : au-delà de l’exploration de l’homosexualité en Corée du Sud, ce film met surtout en lumière la question de la solitude, et en particulier de la solitude féminine. Sans tomber dans le cliché ou le pathos, la réalisatrice nous donne à voir une tranche de vie sur une assez courte période d’une famille composée uniquement de femmes. L’omniprésence féminine est assez remarquable et rare pour la notifier ici, d’autant plus qu’elle permet le dévoilement de plusieurs types de relations féminines : la relation d’une mère et sa fille, celle de deux femmes amoureuses, celle d’une belle-fille et de sa belle mère, celle d’une aide soignante face à sa patiente, mais aussi des relations amicales.
La lenteur du film et l’apathie avec laquelle le personnage principal de Mme Oh comprend et exprime ses émotions permettent au spectateur de réfléchir en même temps qu’elle, de divaguer à ses propres ressentis face à la vie qui suit son cours. Loin d’un film romantique et hors de la réalité, c’est justement un drame cruellement réaliste qui nous est donné à voir, avec ses lots de souffrance et d’injustice (pour chaque personnage) ponctués de quelques moments de joie.
On apprécie la complexité du panel de relations féminines montrées à l’écran et qui semblent bien universelles, malgré une certaine lenteur qui rend le film à certains égards plus contemplatif et réflexif. Un film fort de sa mise en lumière des femmes en tant qu’individus et non en rôle support, qui questionne nos perceptions de la famille et de la communauté.
VERDICT
Ces deux films nous ont une nouvelle fois prouvé que le cinéma sud-coréen regorge de talents et d’œuvres remarquables. Nous regrettons de n’avoir pu assister qu’à deux des films de la section “Paysage”, qui nous réserve chaque année de très belles surprises.
N’hésitez pas à vous intéresser aux autres productions programmées dans cette section, qui abordait cette année des thématiques variées et importantes comme les Zainichi, le Coréens du Japon, dans le documentaire “Voice of the silence”, ou explore les relations familiales dans “House of the seasons”.
Et en attendant de découvrir ces films, ne manquez pas nos critiques des autres projections de cette édition du festival, disponibles sur notre site !
Merci au Festival du Film Coréen à Paris pour son invitation