À l’occasion de la sortie de sa saison 2, nous mettons les projecteurs sur XO, Kitty, ou comment Netflix reprend les codes de la série américaine pour ados… mais à Séoul. Zoom sur cette proposition atypique.
Celles et ceux qui ont visionné au moins un des films de la trilogie À tous les garçons que j’ai aimés, inspirés des romans de Jenny Han, connaissent déjà Kitty Song Covey. La petite sœur de l’héroïne Lara Jean a pris son envol et depuis 2023, elle est le personnage principal de sa propre série, XO, Kitty.
Le pitch
XO, Kitty raconte donc l’histoire de Kitty, une adolescente américaine qui part en échange scolaire à Séoul, sur les traces de sa mère, d’origine coréenne et qui est décédée alors que Kitty était encore enfant. Mais elle ne fait pas qu’explorer ses origines au lycée KISS (l’acronyme de “Korean Independent School of Seoul”); que sa mère a elle-même fréquentée : elle y rejoint aussi son petit-ami Dae, avec qui elle est en relation à distance depuis plusieurs années.

Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu à l’arrivée de Kitty sur le sol coréen, et elle plonge rapidement dans un tourbillon d’amitiés hautes en couleurs, de dramas rocambolesques et d’histoires d’amour pleines de rebondissements.
Une proposition marketing bien pensée
XO, Kitty est sans aucun doute la tentative de Netflix de capitaliser sur une cible de plus en plus importante : les fans de K-pop occidentales. En nous entraînant dans les aventures d’une adolescente américaine en échange dans un lycée coréen, la série s’approprie un rêve répandu parmi les jeunes filles occidentales qui s’intéressent à la culture coréenne. Et elle ne s’en cache pas, en multipliant les références et nous abreuvant d’une bande son remplie de K-pop.
Elle s’appuie aussi sur un mélange de deux genres aux recettes testées et approuvées : les K-dramas, pour lesquels l’engouement n’a fait que grandir ces dernières années en dehors des frontières coréennes, et les séries américaines pour ados (ou teen dramas), dont le succès n’est plus à démontrer.

Enfin, en reliant la série à l’univers de À tous les garçons que j’ai aimés, Netflix espère aussi attirer les fans de cette comédie romantique, qui reste l’une des plus populaires de ces dernières années. Une recette marketing, donc, pensée dès le départ pour attirer un large public.
Mais alors, que vaut la série ?
Commençons par l’évidence : XO, Kitty est à la Corée ce qu’Emily in Paris est à la France. Soit une version fantasmée et américanisée d’un lieu et d’une vie qui, finalement, n’a pas beaucoup de similitudes avec la réalité. Les incohérences culturelles sont nombreuses et la place des minorités en Corée est largement édulcorée, notamment en ce qui concerne la représentation des personnes LGBTQ+.
Quiconque regarderait la série dans l’espoir de mieux comprendre la culture coréenne ou le quotidien à Séoul serait immanquablement déçu en découvrant que XO, Kitty dépeint un monde qui en réalité n‘existe pas.
Des rebondissements incessants
Quitte à choisir de ne pas s’encombrer de réalisme, XO, Kitty va au bout de son idée avec des rebondissements toujours plus rocambolesques. Au lycée KISS, Kitty se retrouve plongée dans le monde d’adolescents richissimes, fils et filles de PDG ou de stars du divertissement, mais aussi dans le tourbillon classique de l’adolescence, avec son lot d’histoires d’amour et de disputes amicales.

D’une erreur administrative qui conduit Kitty à vivre dans un dortoir avec 3 de ses camarades masculins aux révélations inattendues sur l’adolescence de sa mère, la saison 1 est déjà pleine de retournements de situations plus ou moins vraisemblables.
Mais la saison 2 explose les records en introduisant une intrigue de vengeance qui fait tâche dans l’atmosphère feel good de la série (sans parler de son caractère improbable), mais aussi en nous présentant le personnage du père de Minho, l’un des camarades de Kitty, patron d’une agence de K-pop qui a tout d’une caricature de JYP.
La volonté d’aborder de nombreux sujets
XO, Kitty ne cache pas sa volonté d’être une série ancrée dans son époque, et d’aborder des sujets sérieux malgré son ton léger. Le coming out, la recherche de ses origines, l’expérience d’être un enfant issu de deux cultures, le décès d’un parent… Autant de thématiques que la série intègre à son récit, sans parvenir, malheureusement, à toujours bien les exploiter.

La série se perd en effet dans son rythme survitaminé et ne réussit pas à donner à ces thématiques toute la profondeur qu’elles méritent. En se contentant de les survoler sans s’attarder vraiment sur ce qu’elles comportent de difficultés et de résilience de la part des personnages, XO, Kitty perd une occasion de nous procurer de réelles émotions, et préfère à la place nous donner des happy ending où tous les problèmes sont réglés si facilement qu’ils paraissent bien peu crédibles.
On ne peut s’empêcher de remarquer que la série ne tient pas la comparaison avec d’autres propositions du même genre. On pense notamment à Mes premières fois (Never Have I Ever en version originale), créée par Mindy Kaling et Lang Fisher et elle aussi diffusée par Netflix, dont le personnage principal ressemble beaucoup à Kitty et dont le scénario avait relevé le défi de trouver l’équilibre entre humour et émotions avec brio.
La force de XO, Kitty : ses personnages
Malgré leurs aventures invraisemblables et un jeu d’acteur qui laisse parfois à désirer, on ne peut s’empêcher de s’attacher aux personnages et d’être attendris par les liens qui les unissent. La force de XO, Kitty réside sans aucun doute dans sa capacité à nous plonger au cœur d’un groupe d’amis, dont on finit par le considérer un peu comme le nôtre. On rit à leurs côtés, on est embarrassé par leurs mauvais choix, on fond devant leurs moments de vulnérabilité.
Même si on grince régulièrement des dents face aux décisions de Kitty, on s’attache à son grand cœur et sa volonté de bien faire, malgré ses erreurs. Mention spéciale aussi à Q, le meilleur ami idéal et sensible, et à Minho, dont l’arrogance nous fait rire en même temps qu’on apprécie de le voir révéler sa douceur.

Les acteurs et actrices accentuent cette impression en nous inondant, à chaque sortie de saison, de challenges et autres vidéos amusantes sur Tiktok, comme pour montrer qu’ils sont aussi proches dans la vraie vie que dans la série.
Un vrai péché mignon
Malgré tous ces défauts, il nous faut donc bien le reconnaître : XO, Kitty est une série totalement addictive. Avec seulement 10 épisodes dans la saison 1 et 8 dans la saison 2, chacun d’une trentaine de minutes environ, la série se dévore en une journée, dans une espèce de transe acidulée dont on a bien du mal à sortir.
Pendant positif de son côté irréaliste, on apprécie la capacité de XO, Kitty de nous plonger dans un monde où, au bout du compte, tout finit toujours bien. À l’heure où la réalité peut sembler bien sombre, ce petit échappatoire dans un univers où les problèmes se règlent en demandant pardon, où les histoires de coeur sont saines, où chacun est accepté pour ce qu’il est et où l’amour triomphe à la fin de l’histoire est une bouffée d’air frais à laquelle on ne dit pas non.
La série est donc un choix idéal pour quiconque voudrait poser son cerveau quelques heures et expérimenter une version de l’adolescence sans aucun doute bien plus joyeuse et rocambolesque qu’elle ne l’est vraiment. Et même si l’on en ressort sans manquer de remarquer tout ce que la série compte de défauts et de maladresses, on ne peut s’empêcher d’être sous le charme… Il faut bien l’avouer : nous attendons déjà impatiemment la suite des aventures de Kitty !