JUKEBOX : Lisa dévoile ses Alter Egos

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Ce premier album complet pour Lisa était plein de promesses. Est-il une réussite pour asseoir l’identité de Lisa en tant qu’artiste solo ou bien une tentative en demi-teinte ? Découvrez notre avis sur Alter Ego dans cet article ! 

Lisa n’a plus grand chose à prouver de ses talents pour performer sur scène. Danseuse hors pair, elle a su imposer son charisme dans le groupe Blackpink où la concurrence était pourtant présente. Puis lors de ses premières sorties en solo, en 2021 avec « LALISA » et surtout « MONEY » elle avait affirmé son talent sur des beats hip-hop très forts. La viralité de ces chansons augurait de bonnes choses pour la carrière de Lisa.

Lisa en couverture de son album Alter Ego

A l’heure où quasiment toutes les membres de Blackpink ont sorti leur projet solo et alors qu’elles débuteront une tournée mondiale cet été, la comparaison entre elles est inévitable. Chacune a choisi une direction artistique différente : pour Rosé c’est la bedroom pop-rock, pour Jennie du R’n’B, Jisoo reste dans de la pop teintée d’influences K-pop. Pour Lisa, le choix est pour l’instant moins évident.

Un concept fort 

Début 2024, elle a dévoilé « Rockstar », avec un clip magnifique mettant à l’honneur son attachement à son pays d’origine, la Thaïlande. « New Woman » puis « Moonlit Floor » ont suivi. Début février, c’est « Born Again » qui sort, accompagné d’un clip aux inspirations bibliques. Le featuring est largement commenté sur la toile, tant la présence de RAYE et de Doja Cat se fait forte sur la chanson.  Ce 28 février 2025, Lisa dévoile donc enfin son premier album solo : Alter Ego.

Le concept de cet album est de présenter différentes facettes de Lisa au travers de 5 alter egos : Vixi, Speedi, Kiki, Sunni et Roxi. C’est surtout prétexte à faire un mélange des genres dans les chansons proposées, qui font la part belle aux featurings et invitent pour l’occasion nombre de producteurs renommés (Max Martin, Tove Lo, Ryan Tedder…..). 

Alors, est-ce que ce mélange fonctionne ? Ou montre-t-il au contraire le manque d’identité de Lisa ?

Featurings en pagaille

Comme pour Rosé (avec Bruno Mars notamment) et Jennie (DOECHII par exemple), Lisa a fait beaucoup parler d’elle au travers de featurings avec des superstars mondiales. Cet album compte pas moins de 5 featurings. Si ce choix n’a rien de choquant surtout pour une artiste du calibre de Lisa, ce qui frappe pourtant à l’écoute c’est que chacune de ces chansons porte la marque très forte des artistes en collaboration.

« Born Again » est ainsi une chanson écrite et produite par RAYE, et il est difficile pour Lisa de s’imposer sur ce titre calibré pour la voix de la chanteuse britannique. Si Doja Cat tire son épingle du jeu, le timbre de Lisa peine à ressortir dans la production disco que n’aurait pas boudé une Dua Lipa pour l’album Future Nostalgia.

Même constat sur « When I’m with you » avec Tyla, qui souffre d’une trop grande similarité avec les chansons de cette dernière. Cela s’explique peut-être par la présence des mêmes producteurs Mocha Bands, Believve et Sammy Soso. En résulte une chanson peu mémorable avec un mixage des voix qui ne met pas en valeur celle de Lisa.

« Rapunzel » se présente comme un featuring plus classique avec Megan Thee Stallion, une habituée des collaborations avec des artistes issus de la K-pop. Ici Lisa se montre plus à l’aise. Ce morceau hip-hop old school est produit notamment par Ryan Tedder, le leader de One Republic.

Le single « FXCK UP THE WORLD » devait présenter une des alter egos, Vixi. Très agressive, montrant un flow différent pour Lisa, la chanson souffre d’une trop grosse compression sur les basses la rendant difficile d’écoute. La façon de rapper rappelle trop Nicki Minaj ou encore Cardi B, sans les égaler. Le clip ne présente pas le même soin accordé aux visuels que les autres singles et même le featuring avec Future n’apporte rien de plus.

Finalement, c’est « New Woman » qui se tire le plus honorablement de cette liste de featurings. Vraiment innovant, avec un clip magnifique et plein de sens de Dave Meyers, c’est ce son pop expérimental qui va le mieux à Lisa. On y découvre une facette plus douce de sa voix sur les couplets, un changement de tempo à l’arrivée de Rosalia, pour une chanson cohérente d’un bout à l’autre. Nappes de synthés planantes, percussions piquantes, effets vocaux, on a toujours quelque chose à se mettre sous l’oreille. A noter, on retrouve la chanteuse suédoise Tove Lo à la composition.

Qu’est-ce qui définit le son “Lisa” ? 

A la première écoute, on se retrouve donc bien en peine de définir ce qui ferait le son de Lisa. Première piste : dans des productions hip-hop assez agressives avec un flow rap ? C’est le cas pour “Elastic Girl”, “Thunder”, ‘Lifestyle” ou “BADGRRL”. Lisa s’en tire plutôt bien sur ces chansons à l’énergie abrasive, mais aucune ne ressort vraiment du lot. Les paroles abordent pour beaucoup le style de vie luxueux de la chanteuse thaïlandaise, un thème déjà trop répandu. Peut-être qu’une performance vidéo permettrait de mieux mettre en valeur ces titres. 

Lisa en promotion

Deuxième piste : une  incursion dans des genres pop. “Moonlit floor” est une chanson très sucrée aux paroles assez indigestes, avec une interpolation de la chanson “Kiss me” de Sixpence None the Richer. “Dream” conclut l’album, se révélant être une ballade peu mémorable, que cela soit vocalement ou dans les paroles évoquant un amour perdu. Finalement, seule la chanson de synth-pop “Chill” redresse la barre avec ses guitares acoustiques et son refrain entêtant, plutôt efficace.

Une ébauche pour le futur

Ce tableau peu reluisant pourrait nous décourager pour la suite de la carrière de Lisa. Elle qui excelle dans les performances scéniques peine à convaincre sur un album entier. Cependant, deux chansons donnent une direction très intéressante et unique pour de futures sorties. Tout d’abord, “New Woman” utilise au mieux le timbre de Lisa et montre que, bien intégrée à la production et au mixage, elle peut transmettre beaucoup d’émotions. 

Puis la chanson phare de cet album, qui reste, étonnamment, son premier single. “Rockstar” possède déjà un clip intriguant et très bien réalisé, mais aussi une composition originale avec des sons exubérants. Le post-refrain aux accents de rock psychédélique, avec des synthés très atmosphériques créait déjà la surprise à la sortie du morceau. Lisa y avait d’ailleurs trouvé un flow particulier, assez saccadé et affirmé. Ryan Tedder à la production a su parfaire le talent artistique de Lisa pour proposer une chanson efficace et unique. 

Conclusion

Avec ce premier album, Lisa ne parvient donc pas à trouver son propre son et à captiver sur la durée. Mix des voix qui la mettent peu en avant, trop plein de featurings et manque de diversité des sons solo, cet album manquait peut-être de temps pour parfaire et épurer son style. Malgré tout, “Rockstar” et “New Woman” se démarquent et s’imposent comme des tubes innovants. On espère que Lisa continuera dans cette veine pour la suite !

Lisa en live

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