MAVE

CAFFÈ LUNGO : Quel avenir pour l’IA dans la K-pop ?

C’est Metaverse Entertainment, une filiale de Netmarble, développeur d’applications de jeux sur mobile, qui s’occupe de la promotion et du développement du groupe. Leur arrivée questionne la place de l’IA (Intelligence Artificielle) dans l’industrie musicale, et particulièrement dans la Kpop.

 

A l’heure où le développement de l’IA est en pleine expansion, notamment avec Chat GPT (générateur de texte), Dall-E (générateur d’images) ou MusicLM (générateur de samples) parmi tant d’autres, la musique et la Kpop n’y échappent pas. Si ces modèles-là génèrent de nouveaux contenus, il est possible d’aller plus loin et de générer des personnes, voire des artistes.

L’agence s’est lancé le pari de créer un groupe de Kpop 100% digital, avec des membres virtuelles qui pourraient exécuter des chorégraphies complexes de manière fluide. Est-ce que parler d’intelligence artificielle ne serait pas un abus de langage dans ce cas précis ? En effet, les membres sont animées grâce à de la 3D et de la motion capture. Autrement dit des modèles humains dansent sur lesquelles on applique l’image 3D des membres. 

Comme on peut le voir dans le MV de “PANDORA”, les quatre membres, SIU, ZENA, TYRA et MARTY se placent en formation et suivent les pas avec précision. Elles ont par ailleurs performé au show Music Core, où on peut les voir sur la même scène que les autres artistes, sauf qu’elles sont ajoutées en post-production. 

Qui sont-elles ?

Les quatre membres virtuelles ont des noms, des visages et des tenues/coiffures spécifiques qui les rendent chacune reconnaissable par les spectateurs. Le MV a recueilli près de 5 millions de vues en 6 jours, par l’intérêt que le concept a suscité auprès des communautés de fans de Kpop mais aussi de l’industrie musicale. En effet, selon Korea JoongAng Daily, le concept de ces idols, présentées via les réseaux sociaux avec des ‘concept cards’ est qu’elles se sont “crashées” sur Terre. Elles sont désormais à la recherche de leurs émotions. Une storyline dont les prochains chapitres peuvent nous surprendre?

Un groupe entièrement composé de membres virtuelles, oui, mais y’a-t-il de réelles artistes derrière ? La réponse est oui. Des chanteuses anonymes ont prêté leurs voix aux avatars. Se pose alors la question de la reconnaissance et du contrat de ces artistes-là. D’autre part, le crew de danse professionnel FreeMind a réalisé la chorégraphie, ce qui leur offre une certaine visibilité.

Au-delà de MAVE, d’autres projets existants

On peut alors se poser la question de la place et la pertinence de l’Intelligence Artificielle et du motion capture dans l’industrie de la Kpop.  La SM Entertainment avait déjà placé ses pions en introduisant le SM Culture Universe, monde parallèle virtuel. Les premières annoncées : le groupe Aespa, composé de 4 membres réelles accompagnées leurs alter-egos virtuels. Avec elle arrive la création de Kwangya, univers au sein du SM Culture Universe dans lequel les alter-egos, aes, et les autres artistes de l’agence se retrouvent dans leurs clips et concepts d’albums. C’est tout un concept entre réalité et virtualité qui s’est mis en place.

La place du virtuel dans le concept de la SM reste à un niveau conceptuel et créatif, mais n’entrave pas le caractère réel du groupe qui se compose de membres tangibles. Leurs aes sont un “bonus” dans le concept, elles ne chantent ni ne performent, et sont seulement présentes dans les clips et des minis épisodes de webserie, qui sont de véritables oeuvres audiovisuelles:

 

Lee Soo-Man annonce pourtant dans le Maeil Business Newspaper que Naevis, un personnage entièrement virtuel issu du monde d’Aespa et de Kwangya, fera son début musical au printemps 2023, affaire à suivre

Une version masculine ?

On peut aussi penser à Superkind dont un (et maintenant deux) des membres sont également des IA, qui sont présents parmi les autres membres réels. Lors de leurs debuts il n’y avait que SAEJIN, et depuis quelques semaines un nouveau membre a fait son apparition : SEUNG.

Les membres virtuels font des covers de danse, des tiktoks, et encourageant même les fans à donner leur avis et commenter ces contenus là. Seung publie par exemple des “weekly trainee evaluation” soit des vidéos de danse hebdomadaires en demandant les retours (feedbacks) des spectateurs 

@playsuperkind

두번째 멤버 데뷔 전 카메라 테스트 1 #kpop #idol #superkind #playsuperkind

♬ The Hydra – LE SSERAFIM

@playsuperkind

[Trainee Weekly Dance Evaluation]🕺💃🏻 Any feedback? The best comment will be delivered to him. #kpop #idol #seung #case143 #superkind #playsuperkind

♬ CASE 143 – Stray Kids

Si le groupe n’a pour l’instant pas une communauté française très active, c’est à se questionner sur la pertinence des IA et l’engagement qu’ils peuvent susciter. Les MV sont qualitatifs, et la prouesse audiovisuelle n’est plus à prouver, mais les fans arriveront-ils à s’engager autant qu’avec de réels idols, pour qui les relations parasociales sont la base de leurs stratégies éditoriales ? 

Ainsi des artistes comme MAVE ont plu, mais peut-être pas au point de transformer les écouteurs en fans et de les faire stan le groupe. C’est alors plutôt perçu comme une initiative ponctuelle, prouesse créative et originale, comme on peut le voir dans les tweets de fans :

Cela ne remplacera évidemment pas la proximité évidente entre les fanbases et les idols, eux, réels; mais la musique elle, peut plaire. C’était déjà le cas pour K/DA, groupe virtuel créé dans l’univers de League of Legends, mais qui assumait emprunter les voix d’artistes Kpop et internationales bien établies, comme les membres de Twice, (G)I-dle, ou Madison Bear pour ne citer que quelques une d’entre elles. Si les voix derrière K/DA écopent déjà d’une certaine renommée, ce n’est pas le cas de celles de MAVE. 

Et vous, quel est votre avis sur MAVE et les idols IA ?

Auteur / autrice

  • Melanie F.

    Co-présidente partenariats et relations extérieures, je suis aussi rédactrice pour dear. korea Passionnée par la musique, la danse et les arts du spectacle, je m’intéresse à la Kpop depuis 2015, d’abord en tant que fan mais ensuite comme professionnelle de la musique. Au travers de mes articles, je souhaite partager et créer de la discussion autour des concerts, des revues musicales, mais aussi des enjeux de marketing et de communautés de fans.

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