Pour leur 11ème mini album, la formation de KQ Entertainment revient en fanfare, ou plutôt avec des violons. ATEEZ s’affirment comme les boss de la K-pop avec GOLDEN HOUR: Part 2. Alors, egotrip vain ou retour d’un premier degré assumé ?
ATEEZ ont connu une année 2024 marquée par le succès, de leur tournée mondiale à la viralité de leur chanson “WORK” (voir notre revue instagram ici). Au sommet de leur popularité, les 8 membres semblent plus en confiance que jamais, comme affirmé dans cette interview donnée au site Yahoo.
Ce mini album est le second dans la série des GOLDEN HOUR. La première partie proposait une ambiance détendue et estivale. Le clip de “WORK” faisait la part belle au second degré d’une chanson qui l’était tout autant. Il semble d’ailleurs que depuis quelques sorties, ATEEZ aient délaissé leur storyline complexe pour se concentrer sur du fun à l’état pur. Exit la lutte contre une dictature anti-musique, bonjour la fantaisie et l’égotrip. Il s’agit d’ailleurs de thèmes plus classiques dans le rap en général.
On peut regretter la cohérence thématique présente dans les albums des séries ZERO et The World. Mais il est aussi important pour un groupe comme ATEEZ de se renouveler. A noter également que l’équipe de production reste la même que pour les autres albums : Ollounder, Peperoni, EDEN, Maddox, OLIV. Hongjoong et Mingi ont aussi beaucoup de crédits sur les paroles. Alors, que vaut vraiment ce nouvel opus d’ATEEZ GOLDEN HOUR: Part 2 ?
“Deep Dive” : entrée aquatique
Cet album commence avec “Deep Dive”, un morceau rap qui rappelle les premiers albums d’ATEEZ. Grâce à un son de synthé très aquatique, on se retrouve tout de suite dans l’ambiance de plongeon proposée par le titre. Le pré-refrain est égalisé comme si on l’entendait de loin dans un autre bassin. Les voix sont très produites, avec beaucoup d’effets de reverb, presque métalliques. Les paroles quant à elles évoquent avec mélancolie la vie de quelqu’un enfermé dans des carcans et des devoirs difficilement surmontables. Les membres d’ATEEZ pourraient ainsi faire référence à la vie d’idol.
“Deep Dive” est une entrée étonnante dans l’album. Il n’est pas courant de commencer avec un morceau aussi triste, qui manque un peu de corps pour un premier titre.
Mafia & R&B : “Scene 1 : Value” et “Ice On My Teeth”
Avec ces deux chansons très cohérentes musicalement et thématiquement, on entre enfin dans le cœur de l’album. “Scene 1 : Value” est une intro presque instrumentale. Elle est seulement agrémentée des paroles “les grands esprits se rencontrent / nous seuls avons la vraie vision”. On peut les interpréter comme parlant de l’esprit d’équipe ressenti par les 8 membres d’ATEEZ.
Mais le cœur du spectacle, ce sont ces instruments surprenants utilisés pendant les deux morceaux : d’abord une clarinette comme dans “WORK” mais plus sombre, puis un étonnant accordéon. Les mélodies se font latines, rappelant immédiatement l’ambiance de films de mafia comme Le Parrain. En transition parfaite car la tonalité est préservée, on enchaîne sur la title track : “Ice On My Teeth”.
Avec sa production minimale très loin de l’épique auquel ATEEZ nous a habitués, “Ice On My Teeth” peut déstabiliser. Le genre musical choisi est le R&B, faisant la part belle au rap et aux envolées vocales de Jongho. La présence d’instruments à corde et le riff de piano du pré-refrain sont bienvenues pour apporter de l’originalité.
Côté paroles, on retrouve le goût des jeux de mots dans les raps de Hongjoong et de Mingi. Le refrain, tout en anglais, est aussi minimaliste. Si on peut y trouver de l’humour, il est aussi regrettable que le mot “tennis” y soit répété deux fois.
Le clip s’éloigne lui aussi des poncifs habituels d’ATEEZ. Un seul décor : un manoir luxueux. La chorégraphie est elle aussi un peu minimaliste, offrant peu de “killing moves” comme avait pu le faire “BOUNCY”.
Dans un premier degré confondant, les huit membres imitent des mafieux sûrs de leur richesse. La très grande simplicité – voire répétition – des paroles du refrain permet de saisir pleinement le message : ATEEZ sont là pour être des hommes confiants et pleins d’opulence. Un scénario qui n’a rien à envier aux clips de rap français (on peut penser par exemple à SCH).
Changements d’ambiance : “Man on Fire”, “Selfish Waltz” et “Enough”
Après ces deux chansons, ATEEZ reviennent sur d’autres genres musicaux. Funk avec “Man on fire”, Hip-Hop/R&B avec “Selfish Waltz” et pop-rock avec “Enough”, on passe par toutes les ambiances sur cette fin de mini-album.
La plus aboutie musicalement de ce trio est “Man on Fire”, qui mixe admirablement les influences latines (raggaeton et brazilian funk) dans un mélange mélancolique qui fonctionne. “Selfish Waltz” aurait pu suivre son titre et être en trois temps pour surprendre, mais son riff de synthé rétro reste en tête. Quant à “Enough”, le morceau le plus chanté de cet album, il ne parvient pas à se démarquer. La faute à une production trop générique à la Imagine Dragons et des paroles attendues sur l’affirmation de soi.
Conclusion : qu’est-ce que ça fait d’être les boss de la K-pop ?
Après les sommets de cohérence et de recherche musicale qu’ont été la série The World, ces albums GOLDEN HOUR d’ATEEZ paraissent plus minimalistes. Ici, l’exploration de l’égotrip et de la richesse tombe un peu à plat tant elle est attendue. Peu de chansons parviennent à réellement se démarquer. Restent les performances live de cet album, et la venue prochaine d’ATEEZ en France à La Défense Arena en 2025. Alors, on vous y voit ?