L’amour ou le désir ? ENHYPEN revient toujours à la base, l’attirance, la passion et l’amour. « Seul un vampire peut aimer pour toujours« . L’EP DESIRE : UNLEASH, qui de son nom signifie “un désir enfin libéré”, raconte l’histoire de vampires éperdu en quête de liberté, dont le désir est la clé.
Alors que leur précédent album, ROMANCE : UNTOLD, sorti il y a déjà presque un an se situait à l’inverse dans une ère plutôt romantique et rêveuse, les ENGENEs étaient restés sur leur faim. Qu’en est-il de ce nouveau projet qui s’annonce déjà être l’un des albums de l’année ?
Un album qui explore la dualité des vampires
DESIRE : UNLEASH, marque le second arc d’une série qu’on pourrait appeler DUALITÉ. Cet album s’impose dans le lore d’ENHYPEN comme une œuvre marquante — que ce soit au niveau de leur style de musique, de leur maîtrise vocale, des paroles, comme de la narration jusqu’à la promotion de l’album et de son marketing.
C’est le 24 avril 2025 qu’on assiste au premier teasing. Il s’agissait de l’annonce officielle du nom de l’album, ainsi que d’une affiche avec l’inscription « MAKE YOU MINE », qui se révèle être le nom de chaque concept de l’album, dévoilés au fur et à mesure sur le mois de mai.
Le 2 et 3 mai 2025, un concept cinéma fait son apparition sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’affiches accompagnant non pas l’album directement, mais le trailer vidéo de DESIRE : UNLEASH. Du long de ses neuf minutes, ce court métrage artistique illustre les thèmes de la passion, des tensions émotionnelles liées au désir intense des vampires, qui guident leur identité et leurs actions. Cette vidéo conceptuelle sert d’introduction visuelle et d’immersion dans leur univers narratif comme musical.
On le sait maintenant, ce nouvel album reconnecte ENHYPEN à leurs origines, les vampires et leur soif insatiable de liberté, dans une ambiance différente de ce qu’on connaît. Cette fois-ci, ils sont méconnaissables, et peut-être même devenus terrifiants, à tel point que le désir les consume.

‘I am torn by my desire to make you a vampire.’
Depuis leurs débuts, les membres explorent l’image du vampire classique, qu’on retrouve dans les œuvres du folklore fantastique. Inspiré de Dracula, ils se développent dans les émotions, l’éthique et dans le symbolisme pour finalement créer leur propre mythe.
Le concept MAKE représente le point de bascule entre la simple attirance et l’obsession dévorante. Il incarne un désir brûlant : posséder, transformer, lier à jamais… aimer jusqu’à se perdre soi-même. Il s’agit du concept principal de l’album, car tout part d’ici – tiraillé entre le désir de transformer l’autre en vampire en sachant pertinemment qu’on le condamne, ou le préserver de la malédiction en choisissant de s’en détacher. Une approche tragique que les vampires d’aujourd’hui, dans le fantastique, affrontent encore, comme un écho rappelant leur malédiction.

‘I resist my desire because I am a threat to you.’
À contrario, YOU capture la beauté tragique du contrôle de soi même par amour envers l’autre. Cette fois-ci, on fait face à un être conscient (et non guidé par son instinct), qui réprime son désir dévorant pour protéger la personne qu’il aime. Il se retient, car il sait que ce pouvoir insatiable pourrait blesser son amant – en dépit de la douleur de ses propres sentiments.

‘I defy fate to create a new future with you.’
MINE est le point clé de cette histoire. En tant que vampire, il rejette sa fatalité, refuse les règles écrites par la nature — pour finalement choisir sa propre destinée, sans contrainte de désir et de possession, seulement un avenir amoureux à deux, et surtout libres de leurs conditions. Avec Mine, il ne s’agit plus de se battre contre son désir, mais d’en faire une force.
Ces trois concepts, avant même que les morceaux ne soient révélés, ont eu un véritable impact sur la perception de l’album. Celui qui a davantage marqué les ENGENEs se trouve dans son nom, la version ENGENE elle même, qui n’est pas seulement un concept photos, mais bien un escape game en ligne, une première dans l’industrie de la K-pop !
ESCAPE ENHYPEN, le jeu vidéo d’escape game
En effet, le 21 mai dernier, ENHYPEN dévoile le lien enhypenescape.com qui renvoie à un site web avec pour instruction “d’essayer de se libérer – try to Unleash”. Le jeu prend la forme d’un escape room à la première personne, où on y suit les membres d’ENHYPEN dans leur quête de liberté.

Muni d’un ordinateur, nous sommes alors plongés dans une ambiance sensorielle et immersive en plein cœur de leur concept. Pour fuir le laboratoire où leurs capacités vampiriques sont analysées, il nous faudra résoudre les énigmes qui s’y cachent et traverser les couloirs sombres et inquiétants du bâtiment. Mais attention, il existe deux fins possibles…
Enhypen Escape marque alors une tournée dans leur promotion, se démarquant particulièrement par son approche totalement différente de ce dont on a l’habitude, et rendant une certaine proximité avec les membres et leur concept narratif. De plus, il existe également un concept film disponible sur YouTube, dans lequel on suit les membres dans leur quête d’évasion, et qui permet de mieux comprendre leur jeu vidéo, en le complétant.
L’attente prend alors fin le 5 juin avec la sortie officielle de DESIRE : UNLEASH. Découvrons ensemble chaque détail de ce comeback !
Flashover
DESIRE : UNLEASH s’ouvre avec audace sur un morceau vibrant, porté par des thèmes d’énergie, de puissance et de chaleur ; au nom de “Flashover”.
ENHYPEN ont tendance à utiliser des mots presque poétiques afin d’exprimer une émotion, un moment, un ressenti. “Flashover” en fait partie, ce mot n’est pas choisi au hasard. Mais alors, de quoi s’agit-il ?
flashover : – n.
- une explosion soudaine et intense de feu provoquée par l’inflammation simultanée de tous les matériaux combustibles dans une pièce.
- le point critique d’un incendie où la chaleur et les gaz atteignent une température d’ignition, transformant une flamme contenue en un brasier violent.
Le mot “Flashover” évoque le moment critique où tout s’embrase — et il s’agit ici du désir qui prend l’image d’un feu ardent, d’un flashover, à son apogée.
Heeseung ouvre la piste avec un falsetto typique de ses prestations, créant immédiatement une atmosphère légère et planante. On est agréablement surpris par son genre future bass, pop électronique sensuelle qui crée une intensité dès les premières secondes. Celui-ci nous rend nostalgique des années 2015-16, lorsque ce style était populaire.
Du long de ses deux minutes six, nous voyageons dans la tête des membres, qui sont sur le point de céder face à leur désir si intense.
Uh, une énergie prête à exploser
Un désir enflammé en moi
Ça brûle encore plus fort, je deviens fou
Tu devrais prendre ce feu avec moi
Le champ lexical du feu est le point qui relie chaque paroles entre elles (ignition, exploser, enflammé, brûle, répandre, essence, flamme…). Ce feu symbolise une pulsion intérieure trop forte pour être contenue, un amour si grand qu’il est sur le point d’exploser. Le feu naît depuis l’intérieur, et il est inévitable. C’est une perte de contrôle qui éclate au refrain, lorsqu’on a l’impression que les instruments se meuvent telles des flammes en spirales.
Je ne peux pas m’arrêter, m’arrêter
Arrêter ce feu
Je ne peux pas m’arrêter, m’arrêter
Ne m’arrête plus
Le morceau est une métaphore du désir, mais également d’un amour si puissant qu’il grandit au point de ne plus pouvoir être maîtrisé – mon désir pour toi devient plus fort et brûle comme un feu.
On assiste à un conflit intérieur dans lequel les membres sont victimes de leurs propres émotions, qui prennent le dessus par rapport à la raison. C’est le point de non-retour, ce moment où l’émotion déborde, où le cœur prend le pas sur l’esprit, comme un brasier incontrôlable. “Flashover” ne raconte pas une simple attirance : il illustre la combustion d’un amour si ardent qu’il dévore tout sur son passage.
Funfact : « Flashover » est le morceau favori de Sunoo et Sunghoon, dans cet album.
Bad Desire (With or Without You)
Pour cette title track, ENHYPEN suit les tendances actuelles du retour aux années 2000. Bad Desire (With or Without You) est une chanson aux inspirations on ne peut plus claire : Mirrors de Justin Timberlake pour les batteries, Timbaland pour la production générale et surtout un sample de la chanson (I Just) Died in Your Arms Tonight de Cutting Crew. Cette chanson mythique des années 80 symbolise un amour transi et tragique, ambiance parfaite pour les vampires d’ENHYPEN !
Toutes ces inspirations se mélangent dans un titre plein d’émotions, faisant la part belle aux mélodies déchirantes, surtout sur le refrain. Sur une progression identique d’accords à celle des Cutting Crew, les voix des membres se font toutes implorantes, presque meurtries. L’usage de filtres et de vocoders lisse un peu les aspérités des voix respectives des membres. Heeseung évidemment peut exploiter tout son potentiel vocal sur la chanson. Le mixage global reste un peu imprécis, à l’image de ce que Hybe nous habitue à attendre.
Avec “Bad Desire (With or Without You)”, le groupe continue d’exploiter les frontières floues de la lumière et de l’obscurité, de l’innocence et de la condamnation. L’amour, ou bien le désir, y est vu comme une tentation dangereuse : magnifique mais destructrice. Il contient l’essence même de l’album — je veux faire de toi un vampire.
Et si je te disais que je te veux ? Mais je vois que ton cœur est pur Et si je te disais que je suis un monstre ? Ne t’approche pas
Les paroles — dans la version coréenne comme la version anglaise — mettent en scène une voix intérieure déchirée : devrais-je aimer ou fuir ? protéger ou consumer ? À nouveau, nous faisons face à un paradoxe, qui revient sans cesse lorsque le désir est le point principal qui motive les membres. D’un côté nous avons une attirance irrépressible, instinctive, qui pousse à franchir les limites de la raison : « j’ai des désirs, toi aussi tu en as », « “pour toujours”, ce n’est pas assez pour toi » « je veux écrire mon nom sur ta peau, comme un tatouage permanent » – telle une morsure de vampire finalement. Et en parallèle nous avons conscience du danger que cela représente : « et si je te disais que je suis un monstre ? », « ne t’approche pas », « je ne veux pas éteindre ta lumière dorée ».
Fille innocente, ne touche pas, ne fais pas ça Je ne veux pas éteindre ta lumière dorée Dans le monde, tu es un ange Mais ici, dans l’obscurité, tu es mon sacrifice
Tandis qu’ils se décrivent comme des monstres, guidés par l’appel de la lune rouge, ils sont attirés par la lumière pure d’un ange. Entre le mal et le bien, ils prennent conscience que le simple fait d’aimer pourrait corrompre ce qu’ils admirent, et même plus, le détruire. Mais c’est justement ce paradoxe qui rend ce désir encore plus intense, sacré. Aimer n’est pas une promesse de paix, mais devient une forme de sacrifice, de damnation volontaire — et c’est ce vertige qui le rend si beau.
Même si je te serre dans mes bras et te fais mienne Même si je jette une malédiction pour qu’on passe l’éternité ensemble Je sais qu’au bout du compte, Tu souriras pour moi, avec joie
Le clip vient sublimer cette lutte intérieure de voyage entre enfer et paradis. Les membres sont déchirés dans une guerre entre le mal et le bien, aussi bien toxiques que les sauveurs de l’histoire. Moins narratif que Drunk-Dazed, le clip a le mérite d’approfondir le lore d’ENHYPEN. On y retrouve les éléments typiques des vampires ; téléportation, fumées, chauve-souris, lévitation — mais cette fois-ci avec comme pièce majeure une chimère (créature ici aux traits de félins, avec des cornes et des ailes ténébreuses), symbole de leurs mauvais désirs. Le rouge et le feu (également présent dans les paroles) représente cette passion brûlante, de tentation et de perte de contrôle, qu’on retrouve dans leur enfer. Tandis que le bleu et l’eau, représente l’innocence, la pureté, la protection de leur paradis. Cette dualité est parfaitement retranscrite à 1:25 minutes du MV, lorsque Ni-Ki mord son propre reflet, incarnant alors l’opposition entre l’instinct qui s’impose et la raison qui vacille.
ENHYPEN signe ici un morceau à la fois poignant et sensuel, dans lequel, bien qu’être surnaturel, le vampire continue de symboliser des émotions humaines profondes : la peur de blesser, la passion irrésistible, et l’appel dangereux de ce qu’on ne peut avoir.
Outside
L’album se poursuit sur un terrain inexploré pour ENHYPEN — le genre hip-hop. Cette découverte est une première pour le groupe, qui perçoit cette opportunité comme une nouvelle étape dans l’élargissement de leur palette musicale.
« Nous n’avons jamais fait de vraie chanson hip-hop. Cela pourrait conduire à un plus grand spectre de musique pour nous, je pense que c’est un point de départ.
– Jake, ENHYPEN”
“Outside” se place dans le genre hip-hop énergique, guidée par un rap affirmé avec des éléments R&B/future bass (style de musique qui pourrait totalement correspondre à NCT 127). La voix des membres est le point clé de ce morceau. Il exprime le désir à travers un flow relâché et autotuné, appuyant sur l’idée symbolique du morceau : être soi-même, même si cette réalité est dangereuse, monstrueuse, désordonnée.
Mon instinct a ouvert les yeux, comme Dracula Indompté, mes crocs blancs deviennent fous J’étais un beau garçon, mais ça devient laid Comme si ma tête allait exploser – c’est le bruit de mon désir
Entre raison et instinct, le morceau nous montre sa dualité : partager entre ce que l’on devrait être et ce qui bouillonne en nous. Le tout, guidé par une pulsion incontrôlable, une vérité qui ne demande qu’à être libérée. ENHYPEN utilise leur lore afin de parler d’émancipation, même si ce dernier est à un prix élevé. Le désir prend le dessus sur leur humanité « lune rouge » « yeux injectés de sang » « sourire tordu » « miroir qui révèle l’alter ego », en pleine transformation « mes crocs blancs deviennent fous », les membres s’abandonnent à leur vérité.
Le désir ici n’est pas un désir romantique, mais une faim intérieure qui pousse les membres à franchir leurs propres limites, et à embrasser leur part d’ombre ; contrairement aux précédents albums qui repoussaient leur véritable nature. Cette soif est tellement intense qu’elle en devient même addictive, telle une drogue ou l’effet de l’adrénaline dans les sports extrêmes. Partagé entre le bien et le mal, le moral et l’immoral, l’innocence et la corruption, ENHYPEN choisit de transcender leurs frontières mentales pour la passion, la liberté et l’acceptation.
Comme un X-game, tu me fais déraper L’adrénaline court dans mes veines à toute vitesse Le désir déborde, il t’emporte Par-delà la frontière de ma raison
Le MV de “Outside” s’impose comme un déferlement visuel où l’identité, le désir et le chaos se rencontrent. Entre fusillades stylisées, jeux de substitution entre les membres (des doubles ; une version du groupe en noir et l’autre en couleur), et chorégraphies brutales, les membres révèlent une facette plus sombres d’eux-mêmes. Loin du clip de « Bad Desire (With or Without You) », ce dernier agit comme une plongée dans l’inconscient, le moment où les masques tombent et où le désir est l’élément déclencheur de leur transformation. ENHYPEN est hors des limites, hors de soi — outside.
Loose
Dévoilé initialement deux mois avant la sortie de l’album, “Loose”, le premier single anglais d’ENHYPEN, également repris en coréen, nous invite à lâcher prise dans une atmosphère électrique, où les regards échangés sont la clé d’un désir charnel.
Dans la même lignée que The Weeknd, Troye Sivan, Gallant, ou bien Taemin, Dean, Baekhyun ; ENHYPEN se caractérise dans cette vibe chill, qui est autant élégante que rafraîchissante. Porté par une pop moderne avec des éléments R&B légers, “Loose” opte pour un groove sensuel et discret, qui laisse la parole aux membres dans un jeu de flirt où il n’y a plus de contraintes.
En effet, le morceau mise sur les regards, les frissons, les hésitations entre deux personnes attirées l’une par l’autre, au point de ne plus pouvoir contenir la tension. C’est une chanson sur le désir mutuel, l’attente, et finalement le moment où l’on s’abandonne complètement pour laisser place à ce qu’on ressent.
Il n’y a que toi et moi Nos regards accrochés dans cette pièce bondée La façon dont tu me regardes, je ne peux pas dire non Toute cette tension, bébé, laisse ton corps se relâcher, ouais, bébé
Chacune des deux versions présente une image presque cinématographique d’un instant où le temps se suspend. D’un côté, nous avons une version anglaise directe dans sa séduction : « Nous devrions lâcher prise », « Je ne veux pas perdre une seconde de plus ce soir », « Trop chaud, tu me fais transpirer sur le sol », « Je vois à quel point tu le veux aussi », avec une approche assumée, explicite et presque occidentale dans sa construction. Imaginons une pièce bondée, des yeux qui se cherchent, des corps qui se déhanchent — la version originale capte ce moment intime et séduisant.
De l’autre côté, la version coréenne offre une approche plus métaphorique et émotionnelle, où le désir est plus subtil, avec beaucoup de tension symbolique : « maintenant toi aussi lâche prise », « nos souffles s’alourdissent, ils en disent long », « ta queue de cheval est jolie, mais je te préfère décoiffée », « je sais que ça te plaît ». Ainsi qu’une légère variation vis à vis de l’originale : un aspect sauvage, monstrueux, d’une lutte intérieure faisant écho directement avec leur concept vampirique — la raison ou l’instinct : « tu réveilles le monstre en moi », « toi seule peux m’apprivoiser ». Cette fois-ci, la pièce n’est plus bondée, ils sont seuls et chaque parole rajoute une couche de chaleur dans la salle.
Tes yeux inchangés, tes lèvres entrouvertes Tes joues rouges contredisent tes mots Tu fais semblant de résister, mais tu tires sur la corde Il suffit que tu m’envoies un petit signe
Vocalement, chaque membre s’imposent comme piliers : Heeseung en tête du morceau assurant sa sensualité, Jake et Jay apportant cette tension enflammé, Sunoo et Jungwon guidant l’émotion avec délicatesse, Sunghoon apportant une touche d’air frais et d’équilibre, et enfin Ni-ki incarnant la confiance en soi avec une approche vocale dominante et plus mûre. Le fait de délaisser le rap pour se concentrer sur un regard davantage intime, crée une ambiance à la fois dévorante et rafraîchissante.
“Loose” est une piste vivifiante, convenant totalement à l’atmosphère d’un été brûlant, de flirt, et de tension sexuelle. Il confirme à nouveau la maturité croissante du groupe, et leur capacité à flirter avec le sensuel sans jamais se perdre dans le vulgaire.
Petit point intéressant : “Loose” est la chanson qui a le plus résonné pour Jake et Ni-ki, se sentant naturellement attirés par les émotions de cette dernière — et c’est sûrement le cas pour nombreux d’entre nous.







Helium
Dès les premières notes de “Helium”, ENHYPEN plonge l’auditeur dans une ambiance aérienne et entraînante. Porté par des sonorités de rock alternatif, de pop rock et de country, le morceau navigue avec enthousiasme vers les émotions contradictoires que procurent l’amour.
Comparer l’amour à de l’hélium, c’est évoquer une force invisible mais aussi puissante, capable de nous élever ou nous donner le vertige. C’est Jay lui-même qui a développé cette idée et a participé à sa composition, tout en écrivant ces paroles si singulières.
“Quand je pensais à l’hélium, je ne pensais pas à la légèreté, mais à la façon dont un ballon rempli d’hélium volerait très haut dans l’atmosphère, et j’ai décidé de comparer cela à l’amour d’une personne envers moi, ce qui m’élève vraiment à cet endroit élevé.
— Jay, ENHYPEN”
Tu es mon souffle, l’air qui me fait vivre Je t’inspire profondément, ton amour est de l’hélium Chaque fois que je respire, je m’envole à en perdre la tête Je continue de t’inspirer, ton amour est de l’hélium, de l’hélium
Dans “Helium”, ENHYPEN utilise l’image du gaz pour représenter un amour si intense qu’il fait littéralement “gonfler” le cœur. Similaire à un ballon rempli d’hélium, l’amour grandit, s’élève haut, jusqu’à finalement exploser telle une supernova dans l’espace, qui marque l’euphorie d’un amour puissant. Au travers de cette métaphore, Jay et les membres traduisent le sentiment amoureux dans cette sensation de flotter dans le ciel — à un excès d’amour, de dépendance affective aigre-douce, qui peut devenir incontrôlable (« Let’s rock, je t’inspire encore plus profondément » – ne peut donc plus vivre sans “respirer” l’autre).
Les effets de l’hélium sont scientifiquement très courts sur nous, alors la joie est également relativement restreinte, mais si on en prend à répétition, on peut manquer d’oxygène et cela peut vite devenir dangereux. Alors ce morceau présente une double métaphore, une qui dit que l’amour est aussi puissant que l’apesanteur, et l’autre qui dit qu’il peut devenir toxique dans l’excès. Musicalement, cette idée est renforcée par ses gammes qui montent chromatiquement, donnant l’impression qu’on a pas assez de temps, et descendantes qui permettent de relâcher la pression (entre couplets et refrains), comme des vagues, jusqu’à finalement la saturation émotionnelle.
Des produits chimiques — ah, tu me fais ressentir Même les fragments chaotiques de moi-même, Quand je t’ai rencontré : boom, tout a explosé Cet amour est le premier et le dernier (Le premier), rempli de toi (Woah)
La fin du morceau, marqué par un solo de guitare mené par Jay, donne un caractère plus passionné à l’ensemble. Tandis que la voix douce de Heeseung plane sur les dernières notes, “Helium” se transforme en rêve flottant, éthéré. Ce n’est pas un hasard si ce dernier est le morceau préféré de Jungwon, Heeseung et Jay — et sans doute aussi de nombreux fans (dont l’autrice de ce texte). Il évoque une passion qui s’élève, submerge et finit par embraser tout sur son passage.







Too Close
Comparé à la tension musicale des précédents morceaux, “Too Close”, qui clôture le chapitre DESIRE : UNLEASH, est auditivement plus délicat que les autres. Cette fois-ci, ENHYPEN nous livre une piste envoûtante et sensuelle qui se glisse parfaitement dans le contexte de l’album, ainsi que dans leur discographie et concept artistique.
Guidé par les notes d’un piano acoustique, le morceau prend place dans le R&B alternatif aux nuances jazzy “vintage”, tout en notant un esthétisme lo-fi pour son côté “intimiste”, “relaxant”. Il s’inscrit ainsi dans la lignée de leurs morceaux les plus populaires, tels que “Shout Out” ou “Polaroïd Love”, mais avec une aura davantage mature à présent.
Sur une production musicale minimaliste, le groupe explore le thème du désir amoureux. En miroir avec « Helium », « Too Close » semble vouloir prolonger cette perte de contrôle face à la tentation — se perdre en l’autre, lorsque la tension prend l’avantage sur la raison.
Trop proche Une distance bien trop instable Tu es si dangereuse, je dois reculer Mais j’te désire trop, je suis à fond sur toi
Ces paroles nous dévoilent une attraction aussi irrésistible que dangereuse : conscient qu’on s’approche trop près du bord, mais pourtant on n’arrive pas à y résister. Cela devient rapidement bien plus qu’une simple attirance, une obsession « Je te veux plus que toi-même », « Je perds patience », « Je suis étourdi », des mots vibrants, pourtant transcrits avec délicatesse et finesse. C’est cette toxicité silencieuse qui rend le morceau si poétique et si saisissant.
Ton joli sourire, tes yeux si innocents (Ah, ooh) Ton parfum sucré, c’est un tour de magie La raison s’éloigne Elle s’envole loin de moi
“Too Close” agit comme une interlude vulnérable, une confession intérieure au milieu de morceaux plus explosifs et symboliques. Chacun d’eux explore le désir sous toutes formes différentes : amour, pouvoir, liberté… Ici, c’est le désir amoureux/sensuel, avec une touche de danger/d’adrénaline, qui est mis en avant, mais qui prône toujours le même message global : une fois qu’on libère le désir, il est difficile de le contrôler. C’est autour d’un crescendo d’émotions, et de cette proximité physique délicate ; « tous mes nerfs fondent à cette distance, « ton souffle sur ma peau » — que Too Close lâche prise pour vivre pleinement l’instant.







Conclusion
Avec DESIRE : UNLEASH, ENHYPEN signe un album intense, sensuel et émotionnellement fort, qui explore toutes les facettes du désir — de sa naissance, à la perte du contrôle, et à finalement l’acceptation de soi. Le groupe nous offre un feu intérieur brûlant, tantôt dangereux – tantôt libérateur, tout en jouant avec les codes de leur univers vampirique, appuyant dans sa complexité.
Le récit ne suit pas un ordre linéaire comme on aurait pu le croire avec les concepts MAKE, YOU, et MINE. Il se construit dans un ordre cyclique, où chaque version offre un regard différent sur ce même désir : d’abord incontrôlable (“Flashover” ; “Bad Desire (With Or Without You)”, ensuite reprimé (“Bad Desire (With Or Without You)” ; “Too Close”), puis pleinement assumé (“Outside” ; “Loose” ; “Helium”). L’album joue dans un tourbillon d’émotions, où le désir peut jaillir à tout moment, se transformer ou même se contredire. Ce n’est pas un sentiment logique ou linéaire, le désir peut être chaotique, cyclique et incontrôlable — et c’est justement ce choix qui reflète avec justesse la complexité des émotions humaines, nous invitant à revivre leur histoire selon notre propre perception.
« Pour cet album, nous avons consacré beaucoup de réflexion et d’efforts à révéler des facettes nouvelles et différentes de nous-mêmes. Placé sous le thème du « désir », chaque morceau possède une atmosphère et une histoire unique. Nous avons vraiment cherché à capturer un large éventail d’émotions et d’expressions, et j’espère qu’il offrira aux auditeurs une expérience musicale plus riche et plus dynamique. »
— Heeseung, ENHYPEN”
Porté par une direction artistique soignée, des performances intenses et une narration immersive, l’album a su toucher un large public. Dès sa sortie, il s’est imposé comme un succès majeur : plus de 2 million d’albums précommandés (leur 3ème double million de ventes), un nouveau record de ventes le jour même de la sortie pour le groupe, tops classements du monde, et plusieurs victoires dans des music shows avec “Bad Desire (With Or Without You)” (Inkigayo, Music Bank, M Countdown en battant même SEVENTEEN).
Pour ENHYPEN comme pour les ENGENEs, DESIRE : UNLEASH est bien plus qu’un album. C’est un nouveau point de départ — aussi bien sur le plan musical, que dans leur univers vampirique, marqué par un chaos libérateur.