Notre autrice Rachel est en Corée depuis deux mois au moment où nous bouclons ces lignes. Depuis son arrivée, plusieurs idols et groupes dont elle est fan ont fait leur début et comeback, et elle a, le 5 juin, eu la chance de participer à « Show Champion » pour soutenir Yves. Elle vous propose ainsi un retour d’expérience et un mode d’emploi, pour vous aussi, pouvoir participer à un music show.
« Quand on est à Rome, il faut faire comme les romains » est ma devise depuis que je suis en Corée. Avec une chance incroyable, mon arrivée coïncidait avec le retour de Loossemble et le début d’ARTMS… puis le début d’Yves, et le comeback de Chuu. Alors j’ai saisi ma chance et commencé à tenter de participer à des broadcasts.
Le 4 juin, je postule pour le broadcast du lendemain afin de soutenir Yves. Sur son site officiel, je remplis un formulaire assez simple, et quelques heures plus tard, un mail me parvient. Je suis sur la liste !
QU’EST-CE QU’UN MUSIC SHOW ?
Vous avez certainement déjà entendu parler de « The Show », « Inkigayo » ou encore ou encore « M Countdown », ces émissions musicales (« music show ») auxquelles participent les idols pour promouvoir leurs débuts et comebacks. Et vous savez également probablement qu’il est possible d’y assister en tant que fan pour soutenir ces idols.
Les enregistrements de ces émissions sont nommés, en anglais, « broadcast ». Même si l’on pourrait utiliser la traduction française, le terme anglophone est ancré dans la stan culture K-pop, le rendant bien plus parlant que « enregistrement ».
COMMENT SE DÉROULE UN BROADCAST ?
1. L’enregistrement (« check »)
Paix Par Mil, l’agence d’Yves, nous donne rendez-vous à 10 heures le matin pour procéder à la confirmation de présence. Il me faut me rendre à Ilsan, devant le bâtiment « MBC Dream Center », afin de pouvoir participer. Arrivée quelques minutes en avance et stressée, j’attends l’équipe d’Yves.
Étrangement, je vois le groupe XG passer devant moi dans le lobby de l’immeuble, et se diriger dehors. Elles se rendent à un mini fanmeeting pour remercier leur audience d’être venues les voir pendant leur propre pre-recording. Cela veut dire que la diffusion du soir ne sera pas en direct mais enregistrée en avance afin qu’aucun retard ne soit pris dans l’enregistrement final. J’observe de loin le fanmeeting, profitant de voir pour la première fois un groupe que je suis depuis ses débuts.
Le manager commence l’appel à 10h10, mais beaucoup de personnes ne sont pas présentes. Les documents demandés pour pouvoir être accepté·e sont : une carte d’identité (passeport ou ARC, alien resident card, pour les étrangers), une preuve d’achat des albums sur le site officiel d’Yves ainsi qu’une preuve d’achat des chansons sur Melon ou Genie, des plateformes de streaming. Certains fans ne possèdent pas de compte sur ces sites puisqu’il faut, pour les étrangers, posséder un ARC, mais pour autant, le manager ne refuse pas leur présence.
Nous nous voyons chacun attribuer un numéro afin d’organiser la queue – je suis le 19. En file indienne, le manager passe nous distribuer une photocard inédite de broadcast. Cette dernière ne pouvait être obtenue qu’hier, la rendant très rare.
Après cela, nous sommes libres jusqu’à midi. A midi, nous nous rassemblerons à nouveau pour le pre-recording d’Yves.
Pendant ce temps, j’assiste de loin au mini fan-meeting d’ARTMS qui vient de finir son pre-recording. Malheureusement pour moi, je n’ai pas été sélectionnée pour y participer malgré ma candidature. Je suis néanmoins heureuse de pouvoir les voir quelques minutes, distribuer des photos de broadcast aux chanceux-ses, ainsi que poser pour quelques photos.
Beaucoup de fans d’ARTMS se précipitent ensuite vers le manager d’Yves afin de pouvoir s’enregistrer au pre-recording de cette dernière. Même si certain·es ne s’étaient pas inscrit·es, faute d’avoir reçu la notification de sa présence, puisqu’il reste des places, iels peuvent quand même s’inscrire sur place.
2. Le pre-recording
A midi, je suis de retour dans le lobby du bâtiment. Il est facile de comprendre que Paix Per Mil n’a pas tellement l’habitude de gérer des idols, puisqu’il s’agit initialement d’un label pour artistes de hip-hop coréen. Un fan aide alors à l’organisation, déchirant des feuilles d’un carnet pour annoncer trois files – de 1 à 14, de 15 à 29, de 30 à 40.
En rang d’oignons, un guide pour les fanchants nous est distribué. Ce dernier a été révélé sur la chaîne YouTube d’Yves la veille au soir, et nous profitons tous·tes des minutes nous séparant de l’enregistrement pour réviser silencieusement les paroles que nous crierons en chœur.
Puis, nous montons plusieurs rangées d’escaliers avant d’arriver dans ce qui ressemblerait presque à un vieux hangar. Des dizaines de caisses comportant du matériel professionnel d’enregistrement y sont stockées, laissant aux visiteurs un passage étroit pour se faufiler jusqu’au studio. Deux par deux, nous attendons encore plusieurs minutes avant d’avoir enfin accès au studio d’enregistrement.
En vrai, il paraît bien plus petit qu’en vidéo. Chacun trouve sa place dans la petite fosse, et quand Yves arrive avec ses danseuses, nous l’acclamons. Quelques petits échanges se passent avant qu’une voix retentisse « standby, five, four, three… » puis un silence de quelques secondes avant que « LOOP » ne se mette à jouer.
Nous suivons à la lettre le guide des fanchants, et je me surprends à vouloir crier le plus fort possible. Ma motivation ? Que lorsque sa performance sera diffusée le soir-même, les spectateur·ices soient surpris par la passion des Aengdus (fandom d’Yves).
Lorsque les canons à confettis s’activent, la surprise me fait sursauter, alors que l’idol en face de moi continue sans problème à danser sur scène jusqu’à la fin de la chanson. Voir un ending fairy en direct est quelque peu impressionnant, puisque l’on se rend compte à ce moment-là de l’importance de ce focus sur l’apparence de l’artiste.
Yves descend de scène et le staff s’active pour retirer les confettis. Une deuxième prise se met en place, assez similaire à la première. Une décision sera prise pour savoir laquelle des deux est la meilleure pour mettre en valeur l’idol lors de la diffusion de l’émission.
3. Le fanmeeting
Le Twitter de Paix Per Mil nous apprend que le mini fanmeeting, initialement programmé pour 13:30, est décalé à 14:30, nous laissant presque deux heures de trou. Heureusement pour moi, j’ai rencontré trois françaises lors de l’enregistrement, et nous décidons d’aller boire un café ensemble pour faire passer le temps.
Nous parlons de notre vie en Corée, de nos expériences de fansigns et de broadcasts… Je suis contente de rencontrer des Orbits françaises, puisque cela n’arrive que très rarement.
Un peu avant 14:30, nous retournons dans l’immeuble de MBC et faisons à nouveau la queue pour le fanmeeting. Il se déroule dans le bâtiment-même, plutôt que dehors comme les autres groupes. Yves semble avoir un petit contre-temps et n’a que quelques minutes pour nous rencontrer, alors son planning est optimisé.
En tenue de scène, elle apparaît et s’excuse de ne pas pouvoir rester longtemps avec nous. Assez loin, je peine à entendre tout ce qu’il se dit, mais je perçois mon numéro. Alors je lève la main, incertaine de ce qu’il se passe – mais je comprends que je peux lui poser une question. C’est assez soudain, et j’ai du mal à penser à quelque chose en coréen. Je lui demande donc en anglais comment elle s’est sentie sur scène pendant le pre-recording, et elle me répond en anglais.
Son manager vient ensuite m’apporter un polaroid… ce qui est assez drôle, étant donné que je racontais quelques minutes plus tôt à quel point je manquais de chance lorsqu’il s’agissait d’en gagner !
Plusieurs autres questions sont posées, puis Yves demande quel type de pose les fans aimeraient qu’elle fasse pour le photo time. On lui demande de faire le chat, puis un first love smile (littéralement : sourire de premier amour), pour lequel elle est connue.
Enfin, elle passe faire quelques high five avant de devoir s’en aller.
4. Live recording, point d’orgue du Music Show
En redescendant, j’apprends que dix personnes peuvent rester pour le live recording. L’émission est diffusée à 17 heures, et les idols viennent sur scène pour faire des performances en live, ainsi que rester auprès des fans lors de la diffusion de leur pre recording. Cela est principalement dû au fait qu’à la fin de l’émission, un vainqueur est annoncé, et les idols se rassemblent sur scène pour ce moment.
Le manager appelle par ordre les numéros, mais la plupart des personnes avant moi dans la liste sont déjà parties. Je suis donc numéro 8 ! A nouveau, je me retrouve avec un polaroid dans les mains, complètement sonnée de désormais en posséder deux en l’espace de quelques minutes.
Il est à peine 15 heures, et nous devons revenir vers 16 heures pour l’appel. J’en profite pour manger un peu, mais aussi pour parler au manager d’Yves qui est attentif et accessible. Sympathique et extraverti, il répond aux questions de chacun·e et fait la conversation.
Enfin, vers 16 heures nous remontons et attendons. Cette attente est longue – trop longue. Bien qu’habituellement patiente, avec la chaleur dans l’immeuble, je me retrouve à m’impatienter, et à être presque énervée. Heureusement, lorsque nous retournons dans le studio vers 16:30, la climatisation m’apaise un peu.
A 17 heures pile, le music show commence. Nous assistons à plusieurs performances, dont JD1, qui semble populaire auprès des ahjumma (dames d’un certain âge), NEXZ, XG, DXMON… mais aussi d’ARTMS, qui performe « Sparkle » en live, suivi de « Virtual Angel ». Nous voyons à nouveau Yves, mais aussi, en tout dernier, WayV.
Enfin, après une heure de spectacle, tous reviennent sur scène pour l’annonce du gagnant de la semaine, qui n’est autre qu’Aespa avec « Armageddon ». Je vois Kim Lip et Yves se couvrir les oreilles quelques secondes avant, et je les imite. Bonne réaction, puisque les canons à confettis sont encore une fois bruyants et me font sursauter.
COMMENT ASSISTER A UN MUSIC SHOW ?
Selon l’artiste que vous souhaitez voir, cela peut être plus ou moins compliqué. Et je ne parle même pas du broadcast auquel vous souhaitez vous rendre ! En effet, ces deux facteurs sont les plus importants, car selon la taille du groupe et le music show, il y aura plus ou moins de places disponibles.
Dans le cas d’Yves, je suis assez chanceuse puisque plusieurs dizaines de places étaient accordées pour le pre-recording. Dans le cadre de live shows, cela dépend principalement de la popularité de l’artiste que vous soutenez.
Sur les fancafés et sites officiels, vous trouverez des formulaires pour vous inscrire. Soyez attentifs, car ils peuvent être publiés la veille au soir du broadcast, et les heures d’inscription peuvent être très restreintes.
Parfois, il vous sera demandé plusieurs choses pour rentrer :
- Une adhésion au fanclub
- Un lightstick
- Une preuve d’achat des albums, voire de ramener les albums le jour-j
- Une preuve d’achat des chansons sur Melon (ou d’autres plateformes comme Genie)
- Une preuve de streams sur Melon (par exemple, pour une chance de voir Hanbin de ZeroBaseOne en tant que MC à MCountdown, il vous faudra avoir stream « Feel The Pop » 950 fois !)
- Etc.
Une autre alternative pour rentrer est de payer votre place. Cela est possible pour certains music shows. A ma connaissance, des places pour The Show, Show Champion et Music Bank sont disponibles sur des sites et applications comme Klook et Trazy… pour des prix assez conséquents (environ une centaine d’euro).
CONCLUSION
Ma journée a été bien remplie. Pour aller à Ilsan, il m’a fallu près d’une heure et demie, et j’ai été présente à MBC de 10 heures à 18 heures, avec à nouveau une heure et demie pour rentrer chez moi. C’était donc une journée éreintante, mais que je ne regrette en aucun cas. J’ai même hâte de pouvoir réitérer l’expérience.
Après avoir vécu une journée aussi intense, je comprends pourquoi les périodes de promotions sont aussi difficiles pour les idols. En effet, le check des fans de WayV était à 3 heures du matin, pour un enregistrement à 5 heures. Et imaginez vous que la diffusion est à 17 heures ! Après cela, souvent se tiennent des fansigns, des fancalls… et il leur faut réitérer le lendemain.
Je suis donc soulagée qu’Yves ne se rende pas à tous les music shows existant, même si en faire quelques-uns de plus lui serait tout de même bénéfique afin d’être plus souvent exposée au public général.
Cette journée m’a comblée en tant que fan. Je suis retournée chez moi après avoir vu Yves performer « LOOP » trois fois, lui avoir posé une question et gagné deux polaroid ! En tant que Aengdu de la première heure, cela semble presque irréaliste… d’où cette avidité de ma part de retourner la voir rapidement.
