aespa whiplash

JUKEBOX : aespa conquièrent le catwalk avec Whiplash

Article co-écrit par Cilly et Mélanie

Moins de 6 mois après leur premier album complet, aespa reviennent avec Whiplash, leur 5eme EP. L’enjeu est de garder l’élan créatif donné par Armageddon et de continuer la pente ascendante pour le groupe qui enchaîne les succès viraux et les visuels marquants.

Alors que leurs solos performés pendant la tournée “SYNK: PARALLEL LINE” distribués deux semaines auparavant sur les plateformes leur ont valu un nouveau pic de popularité, aespa ne s’arrêtent pas là. Forte de son concept assumé, la direction artistique persévère dans son lore sur les intelligences artificielles, les metaverses, et les alter egos (ici, les aes). 

On les retrouvera le 4 mars au Zénith de Paris en France, après un passage remarqué au Dôme de Paris en 2023 qu’on vous racontait ici.

Aespa pour le concept de l'album Whiplash

Ce projet frappe fort avec une campagne visuelle des plus créatives entre des albums futuristes et des photoshoots éditoriaux. Karina, Giselle, Winter et Ningning posent avec confiance et affirment leur nouveau statut de stars et mannequins vengeresses. En effet, si avec Drama et Armageddon, les membres débarquaient sur terre dans un chaos total, détruisant tout sur leur passage telles des méchantes de film, avec Whiplash le monde est déjà à elles. Alors qu’elles ont conquis tout leur monde avec la technologie, jusqu’où iront-t-elles ? Comme l’indique le clip de “Whiplash” : “they’re reasons you’ll never understand” (ce sont des raisons que vous ne comprendrez jamais). 

Sont-elles les vraies membres ou les aes? Les théories sont ouvertes et on revient avec vous sur ce mini album qui suinte la confiance en soi et le talent à l’état brut.

Teaser Unbeatable Beat d'aespa

Whiplash : une title track qui prolonge le brat summer : un ae-autumn ?

Avec une entrée dans l’album par la title track, aespa donnent la cadence d’un album qui se veut tendance sur fond d’attitude nonchalante. Si Charli XCX a créé un véritable mouvement culturel l’été dernier avec le “brat summer” (ou l’été de la “sale gosse” qui s’auto-revendique effrontée), aespa nous semblent surfer sur cette tendance tout en s’éloignant de leurs productions musicales habituelles.

 “Whiplash” commence directement avec un beat et des basses très saturées qui nous plongent dans un univers de clubbing beaucoup plus électro que leurs sorties précédentes.  Le beat est vite rejoint par les voix de Karina et Giselle qui rappent accompagnées de percussions, pour enfin voir les chanteuses Winter et Ningning dont les mélodies de voix et les falsetti ne font que renforcer l’ambiance house.

Les codes culturels queer du monde de la nuit (ballroom culture) sont tout à fait perceptibles dans la structure de la chanson.  Les techniques vocales utilisées par les membres qui ne manquent pas de nous étonner, notamment Ningning qui pose sa voix tel un slam “fancy” insolent dans le second couplet ou encore Karina qui chante en voix de poitrine sur le pré-refrain nous rappelant qu’elle est “unforgettable” (inoubliable). L’ajout de réverbération sur cette partie est un véritable temps fort dans le morceau car il transitionne parfaitement avec le refrain dansant qui scande “One look, give ’em whiplash / Beat drop with a big flash”, soit des paroles simples mais percutantes sur lesquelles il est aisé de s’amuser. 

L’avant dernier refrain par Giselle a particulièrement échauffé les MYs sur les réseaux sociaux jugeant le beat drop ainsi que la formation de danse en ligne comme le point d’acmé du titre. L’attitude à son paroxysme. aespa offre un véritable son d’ambiance et de confiance en soi sous une apparente légèreté et insolence, savamment revendiquées par les femmes de la musique pop internationale. 

Les membres s’affichent toujours en opposition à une esthétique pop léchée, propre et classique pour se mettre en scène comme des “vilaines brats”, des “sales gosses” défilant littéralement comme des supermodels. Le clip suit cette tendance avec un visuel au décor simple : un fond blanc et de l’équipement de tournage ou mécanique comme des caméras ou des voitures futuristes. Leurs tenues s’apparentent à des looks éditoriaux de magazines de mode ou encore à des looks militaires chic. Elles défilent, elles prennent les armes avec une touche de glamour, les vilaines aes sont prêtes à continuer le combat et conquérir la société par leur capacité à changer les règles du jeu (“game changer”). Si l’on creuse dans les théories, on pourrait penser que ce sont les clones presque maléfiques des membres qui ont pris le dessus sur le monde des humains pour s’y amuser un peu. 

Vidéo qui montre le processus d’enregistrement du morceau pour aespa.

Ce qu’on retient c’est que “Whiplash” semble être pour le groupe une “new era” (nouvelle ère) si l’on en croit les citations flashs dans le clip. aespa défilent avec attitude sur le catwalk de la musique pop et le monde “can’t touch that” (ne peut pas les toucher).

Les b-sides : Kill it 

Sans transition avec le titre précédent, la première b-side de l’EP nous arrive directement dans les oreilles avec des sonorités très métalliques et mécaniques, accompagnées d’une forte percussion. On se retrouve dans “Kill It” avec une production musicale beaucoup plus habituelle de la SM Entertainement qui n’hésite pas à utiliser des éléments sonores expérimentaux. On reconnaît l’influence de la regrettée productrice SOPHIE qui avait fourni beaucoup de samples aux productions SM. 

Ces différents samples sont perceptibles à de nombreux niveaux du mixage final et il n’est pas aisé de tout entendre et appréhender dès la première écoute. La surprise grâce à l’instrumentale certes, mais aussi grâce aux mélodies vocales et flows des membres qui ne manquent pas d’inventivité. Si le son démarre sur des onomatopées et énonciations rapides du titre “Kill It” par Karina, le premier couplet promet une chanson à la fois hip-hop mais aussi théâtrale avec un rap-slam de Giselle et Karina, rapidement suivi d’à-coups de percussion. La surprise continue avec un changement de rythme brutal par l’arrivée de la voix de Winter qui joue avec ses intonations, qui s’apparentent presque à l’épouvante, là où Ningning lui répond avec un ton plus comique. 

Le morceau est captivant par sa théâtralité et les techniques vocales utilisées par les membres. En effet, à l’écoute il semble être une histoire ponctuée par des dialogues qui manifestent des émotions, ainsi que des changements de rythme constant. Le pré-refrain suit cette tendance à la surprise puisque c’est Karina qui le commence avec une mélodie de voix haute, accompagnée de percussions cymbales plus douces (hi-hat), alors que la basse et la caisse claire font leur grand retour sur un refrain scandé, codé aespa, qui nous accompagnerait parfaitement sur un ring.

Le deuxième couplet commence par un double rap de Winter et Ningning, qui sont pourtant connues pour être les chanteuses principales (main vocals) du groupe, montrant la versatilité et la capacité d’évolution certaine d’aespa. De même que Giselle et Karina, aux rôles habituels de rappeuses, ont ici des parties très chantées qui les mettent en valeur.  

aespa ont souvent des ponts originaux et remarquables dans leur discographie, et c’est le cas de celui de  “Kill It” qui se pose en deux parties, d’abord un chant guerrier “Keep off my side, keep out of my sight” (éloigne toi de moi, reste en dehors de ma vue) et les effets de réverbérations sur la voix de Karina, ensuite un chant impertinent “전부 싹 다 날려버려 싹 다 ow!” (Erase everything, blow it all away, ow! – efface tout, fais tout sauter) accompagné de ad-libs toujours bien posés. Toujours très efficace !

Flights, Not Feelings

Un morceau beaucoup plus doux suit cette débauche de confiance. L’ambiance est RnB, soul, accompagnée de percussions hip-hop classiques. Ce n’est pas sans rappeler les récentes sorties de Jaehyun, lui aussi dans l’écurie SM.

Le long du morceau, s’opèrent des changements constants de mélodie, cet effet rend la chanson surprenante car on ne sait jamais dans quelle direction les notes  suivront les précédentes. La première écoute capte l’auditeur par les harmonies parfaitement maîtrisées des membres.

On remarque particulièrement le rap de Giselle, toujours plein d’attitude, en deuxième partie qui prend le contrepied des pré refrains et refrains très chantés par Winter et Ningning. En somme, “Flights, Not Feelings” est un morceau doux, presque onirique, avec une musicalité. A notre sens, c’est un morceau parfait pour les amateurs de RnB old school. 

Le pont est un pur produit SM lui aussi, donnant l’occasion aux membres de montrer leurs capacités vocales, avec même une note de jazz dans l’harmonie choisie par Ningning. Le piano étouffé et l’effet de rewind à la fin achèvent de parfaire cette atmosphère nostalgique. Après tout, on ne va pas s’attarder sur le passé, comme ce que les paroles nous demandent !

Pink Hoodie

Le démarrage de la chanson par les paroles “baggy jeans” est encore un nouveau clin d’œil au groupe NCT, lui aussi chez SM. L’instrumentale est elle aussi très SM, faite de mélodies au vocoder un peu incongrues. A noter également, les harmonies vocales du refrain, presque dissonantes, qui apportent la touche inattendue qu’on veut de la part d’aespa. 

On se retrouve avec “Pink Hoodie” dans une ambiance qui nous rappelle presque un film de danse américain des années 2000, et on adore ça ! Le refrain en chœur nous fait aisément imaginer les membres danser en cercle avec une troupe.

Le changement de rythme et d’ambiance sur le pont, comme à l’habitude d’aespa est satisfaisant et on se plait à écouter toutes les membres chanter. 

Flowers

Sur un riff de guitare acoustique, ce morceau RnB est là pour montrer les capacités vocales des membres d’aespa. La basse et les nappes de synthé apportent un aspect plus sensuel, tandis que les voix de toutes les membres se font plus douces et suaves. Il s’agit d’un morceau particulièrement apprécié des fans, nous y compris. Est-ce que cela irait dans le sens des paroles : “show me your flowers” (montre moi tes fleurs), montrant une envie de  partage et d’amour ? 

En tout cas, l’atmosphère est apaisée mais se dramatise à la fin de la chanson, avec le pont qui voit des envolées lyriques de Ningning. Sous son apparente simplicité, on apprécie la musicalité du morceau. La production forte en percussion et en cordes sur le refrain créent un rythme efficace sur lequel on les suit sans broncher. Alors qu’elles disent “1, 2, 3”, on veut bouger avec elles. Mention particulière pour le chant parlé de Giselle qui constitue un temps fort du titre, en plus des ad-libs et de jolies harmonies. Un sans faute de la part d’aespa et du producteur Chantry Johnson, qui a notamment collaboré avec le groupe The Cab, ou encore Demi Lovato.

Just Another Girl

“Just Another Girl” clôt parfaitement l’album et suit la tendance récente de la Kpop où on retrouve de plus en plus de morceaux pop-rock, plus précisément influencés par l’emo à l’américaine des années 2000. Ce genre n’a pas fini de faire des émules dans la décennie 2020 ! Ici, encore de la guitare et des vocalises, mais toute autre ambiance, électrique et sentimentale. 

Sans trop d’animosité, les membres du groupe chantent leur envie de vérité face aux mensonges, avec un message féministe également. La thématique d’empouvoirement féminin de l’album se retrouve bien dans cette chanson. 

On imagine bien ce titre en fin de concert avec sa mélodie rock nostalgique. Il rappelle cette fois un morceau que leurs collègues de la SM NCT Dream auraient pu sortir.

Une instrumentale efficace et entraînante qui pourrait pourtant se laisser oublier et effacer par le reste de l’album.

Conclusion

Décidément, c’est l’album de l’auto-référence pour aespa, après nous avoir déstabilisées avec la title track.  Si “Whiplash” se démarque des sorties précédéntes en termes de genre, l’album est quant à lui un pur produit SM. Avec des morceaux RnB, jazz ou encore pop-rock, l’album est aussi équilibré qu’agréable. aespa sont revenues avec un message clé : elles s’imposent sur le catwalk de l’industrie avec leur charisme et leur versatilité. 

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