Si vous êtes allé faire les courses en grandes surfaces récemment, vous avez sûrement remarqué que la Corée du Sud est plutôt mise en avant comparé à d’autres pays. La raison se tient dans le Chuseok, l’une des fêtes traditionnelles les plus populaires de Corée, et elle a lieu la semaine prochaine !
La fête des récoltes et de la pleine lune
Chuseok (추석), également connue sous le nom de Hangawi, signifie littéralement “la nuit d’automne qui a le meilleur clair de lune”. Elle fait partie des fêtes traditionnelles coréennes les plus importantes de Corée, avec le Nouvel An Lunaire, Seollal (설날).
Chuseok permet de célébrer les récoltes et de rendre hommage aux ancêtres. Ses origines sont accordées au Royaume de Silla. Il s’agissait alors d’une compétition entre deux équipes de couturiers qui se déroulait pendant un mois. A la fin de ce mois, l’équipe perdante devait préparer un festin à l’équipe gagnante.
Chaque année, cette fête lunaire change de date en fonction de l’emplacement de la lune dans le ciel. Elle se place généralement au quinzième jour du huitième mois lunaire. Cette date se situe proche de l’équinoxe automnal. Et cette année, Chuseok se célèbre du 16 au 18 septembre.
Les coutumes de Chuseok
La culture et les traditions sont au cœur de cette fête. À chaque Chuseok, un grand nombre de sud-coréens retournent auprès de leur famille pour célébrer les festivités. Ensemble, ils préparent de nombreux plats traditionnels et effectuent des rituels pour honorer la mémoire de leurs ancêtres.
Étant l’une des plus grandes célébrations coréennes, elle donne lieu non pas à un seul jour férié, mais bien trois : la veille, le jour présent et le lendemain de Chuseok. Parmi les coutumes de ces jours, il est important de se vêtir d’un hanbok et de se rendre sur les tombes de ses ancêtres pour se recueillir lors du rite Seongmyo (성묘). Une fois sur place, il est également primordial de nettoyer la tombe des mauvaises herbes, puis de s’incliner en guise de respect et de dévotion. On nomme cet acte Beolcho (벌초).
Le “Thanksgiving Coréen”
Les cérémonies commencent dès le petit matin par le dressage méticuleux de la table, qu’on nomme Charye (차례). La manière dont les plats sont disposés sur la table suit un protocole précis, qui varie en fonction des régions du pays. Lors de ce repas de famille, les membres honorent leurs ancêtres en présentant de nombreux mets délicats…
Parmi les aliments, il existe le Songpyeon (송편), un gâteau de riz coloré cuit à la vapeur sur des aiguilles de pin, qui se mange chaud comme froid. Châtaigne, miel, graines de sésame, pâte de haricot rouge (pat 팥)… les possibilités de fourrage sont variées, pour tout type de préférence !
Sont également cuisinés des Yakgwa (약과), une autre sorte de gâteau de riz à base de miel, de jus de gingembre et d’alcool de riz.
Pour accompagner ces mets, il est d’usage de servir des liqueurs, telle que le Baekju (백주), aussi surnommée Sindoju (신도주). Elle est élaborée à base de riz gluant fermenté, d’herbes et de ginseng, qui lui donne sa saveur particulière. À l’occasion de cette fête, les familles la produisent en général elles-mêmes.
En dehors de ces délices traditionnels, des fruits comme le hallabong (une orange originaire du Japon et de l’île de Jeju) ou des poires ainsi que du riz sont présents sur la table.
À la fin du repas, afin de présenter leurs respects aux ancêtres, les coréens s’inclinent profondément deux fois puis en font une légère – cette pratique se nomme Keunjeol (큰절).
Il est également coutume d’offrir des cadeaux à sa famille, ses amis et même ses collègues ! Si initialement, ces cadeaux étaient des objets du quotidien comme du savon ou de l’huile de cuisson, aujourd’hui, les sud-coréens offrent des objets bien plus luxueux. On retrouve ainsi comme idées de cadeaux des assortiments de fruits, du ginseng rouge ou du vin.
Activités et Spectacles traditionnels pour fêter Chuseok
Au delà des rassemblements en famille, la fête de Chuseok est connue pour ses animations traditionnelles :
- Parmi celles-ci, on retrouve le Ssireum (씨름). Un sport ancestral coréen qui symbolise l’esprit national du peuple sous la forme d’un duel de force physique, s’apparentant à la lutte mongole et à la discipline japonaise du sumo. Les deux combattants se réunissent dans un cercle et doivent faire tomber leur adversaire grâce à une ceinture nommée satba (샅바) qui est nouée autour de leur cuisse. Le premier qui touche le sol, perd le combat.
- Il existe également le Talchum (탈춤), un art qui mélange danse masquée, théâtre et musique. Autrefois, cette pratique servait à communiquer avec les dieux. On disait que les masques étaient l’image des dieux, et ainsi le peuple pouvait se recueillir auprès d’eux. Le temps est passé et les mœurs ont changé. À présent, les danseurs masqués explorent différents personnages caricaturaux afin de dénoncer, avec humour, les problèmes de la société, que les gens ordinaires n’oseraient normalement pas aborder.
- Le Hwatu (화투) est un jeu de cartes que l’on connaît souvent sous le nom de go stop. Le jeu se compose de douze familles de cartes qui représentent chacune un mois de l’année. Le but du jeu est d’accumuler plusieurs cartes similaires.
- Le Ganggangsulae (강강술래), quant à lui, est un rite emblématique de la culture coréenne qui préconise paix et harmonie entre les peuples. Il s’agit d’une cérémonie de chant et de danse exécutée par les femmes sous la lueur de la lune. Avant l’époque contemporaine, les femmes étaient restreintes vis-à-vis du chant, dans les campagnes, alors cette tradition était leur seule occasion de chanter à l’unisson en public. Symbolisant la féminité et la fertilité, en associant l’astre lunaire à ces concepts, ce rite permet d’exprimer gratitude envers ses ascendants pour l’abondance de ses récoltes et de ses bienfaits.
- Le Taekkyon (태껸) est un autre art martial qui trouve ses origines dans le royaume de Joseon. Il s’agit d’un sport de combat basé sur le fait de déstabiliser l’adversaire à l’aide d’un jeu de jambes rythmique.
- Ou encore des prestations de Samulnori (사물놀이), un genre de musique traditionnel et folklorique. Elle se joue avec quatre instruments, qui représentent la météo : le kkwaenggwari / tonnerre, le jing / vent, le janggo / la pluie et le buk / les nuages.
Une grande période traditionnelle de fête, de partage et d’immersion
Chuseok est une fête importante pour les coréens, une tradition qui se noue à la campagne et à l’agriculture. L’essence même de cette célébration est de rendre hommage aux ancêtres, en revenant à notre terre d’origine, auprès de notre famille.
Si vous êtes en Corée du Sud à cette période, nous vous invitons à découvrir des sites et monuments culturels, et les activités et spectacles proposées pour la fête. Il se pourrait que les transports et les routes soient très occupés, alors c’est l’occasion parfaite pour s’immerger directement en plein cœur de la culture coréenne !
Et pour les autres en France, vous aurez peut-être l’occasion de vous déplacer jusqu’au Jardin d’Acclimatation, puisque ce dernier propose un week-end autour de la Corée du Sud ! Au programme : spectacles traditionnels, streetfood, concours de chant et danse K-pop, et bien d’autres activités en lien avec cette fête.
Le musée Guimet propose également des festivités pour l’occasion. Au programme : la découverte de deux jeux coréens : le Yutnori et le Ttakjichigi que vous avez pu découvrir dans Squid Game. Découvrez également des activités autour des K-dramas, des jeux sur la K-pop, de la littérature ainsi qu’une conférence sur la calligraphie et la littérature féminine.
Rendez-vous au musée Guimet et au Jardin d’Acclimatation à Paris ces 14 et 15 septembre !