ARTMS n’est pas un simple groupe mais un projet selon les mots de l’agence ModHaus, qui a signé 5 membres de LOONA suite à leur départ de leur précédent label. Heejin, Haseul, Kim Lip, Jinsoul et Choerry ont ainsi fait leur début en tant que quintet sous le nom d’ARTMS.
Après le comeback d’ODD EYE CIRCLE en juillet dernier ainsi que celui de Heejin en novembre, et la sortie quelque peu discrète d’un single pour Haseul nommé « Plastic Candy », c’est enfin au tour de l’ensemble ARTMS de se présenter en tant que quintet. L’album, nommé Devine All Love and Live (DALL) possède plusieurs références au lore de LOONA, une manière de raccrocher le projet à l’histoire de ses membres.
D’abord, « Devine » est évidemment lié à la nature même d’ARTMS, inspiré de la déesse grecque (entre autres) de la nature, Artémis. Artémis est également le nom d’un projet de la NASA, qui a pour mission d’étudier la lune, élément central du « loonaverse ».
« Love and Live » est le nom d’un titre de LOONA 1/3, la première unité de LOONA composée de Heejin, Hyunjin, Haseul et Vivi.
On peut donc facilement imaginer que DALL est un mélange de l’identité d’ARTMS créée par ModHaus et son producteur exécutif Jaden Jeong et des débuts de LOONA qu’il supervisait à l’époque en tant que producteur et directeur artistique.
URL
« url » (« Uniform Resource Locator » ou simplement adresse web/internet) est une introduction presque totalement instrumentale, seulement augmentée d’un texte parlé, mystérieux.
Votre autrice voit ici un rapport entre le titre « url » et l’album solo de Heejin, nommé Algorithm. Un nouveau pan du lore se crée sous nos yeux par l’exploration du domaine virtuel : algorithme, jeux vidéos (« Video Games », b-side de l’EP de Heejin), et maintenant « url » ainsi que « Virtual Angel ».
ARTMS seraient-elles entrées dans la « matrice », se dédoublant dans le monde du « world wide web » ?
L’utilisation de teasers générés par intelligence artificielle (IA) a été vivement critiquée par les fans. ModHaus s’était alors exprimé, expliquant les intentions de critiquer cet art produit par des machines. Les jaquettes finales des singles de pre-releases étaient, heureusement, dessinées par de vrais artistes.
VIRTUAL ANGEL
Alors qu’on l’interrogeait sur « Virtual Angel », Jaden Jeong a affirmé que le titre est quelque chose que « seul ModHaus est capable de faire ».
Après avoir découvert plusieurs singles de pre-releases comme « Birth », « Flower Rhythm », « Air » et « Candy Crush », « Virtual Angel » semble enfin se démarquer des trois derniers. Bien qu’agréables à écouter pour beaucoup de fans de LOONA, mis à part « Birth », aucune de ces sorties n’a fait de vague dans la paysage musical. « Virtual Angel » était donc attendu avec impatience. Est-ce que cette title track changerait enfin la donne ?
La réponse tout de suite : Cette chanson synthwave capture immédiatement l’attention. Grâce à une atmosphère nostalgique et magique qui manque cruellement dans les sorties récentes, ARTMS dévoile avec cette title track un immense potentiel viral.
La mélodie et la production de « Virtual Angel »sont portées par un sentiment de flottement exprimé par le synthétiseur mais aussi les percussions. La répétition des « Oh-oh-oh » change enfin des « La-la-la » et « Na-na-na » auxquels ModHaus nous avait habitués jusqu’à présent et créé un sentiment mélancolique.
« Letting go of you, that’s a heartbreak »
« Te laisser partir, ça me brise le cœur »
Malheureusement, « Virtual Angel » ne montre pas l’étendue des talents vocaux d’ARTMS. L’atmosphère est plutôt aérienne, avec des voix plus douces et presque murmurées.
Le MV, quant à lui, est réalisé par digipedi, agence habituée à travailler avec LOONA (11 des 12 MV solo, tous les MV des units, 6 des MV de title tracks). Le lore du groupe leur est donc familier, et avec l’aide de la vision de Jaden Jeong, les plans accentuent la signification des paroles.
Si le premier MV est dur à regarder, tant les plans défilent rapidement – un avertissement de flash a d’ailleurs été rajouté pour les personnes sensibles et épileptiques -, une seconde version nommée « human eye » a été publiée, facilitant le visionnage.
SPARKLE
« Sparkle » est une chanson aux inspirations funky, avec une ligne de basse pétillante et un tempo upbeat, qui garde la légèreté du morceau précédent.
Le chant est assez joueur, avec un refrain où les voix des membres s’enchaînent rapidement avec un « spa-spa-sparkle » entêtant.
Heejin, Kim Lip et Jinsoul ont participé à l’écriture des paroles, mentionnant le coucher du soleil et le lever de la lune. Les paroles sont simples, exprimant l’excitation d’une personne découvrant ses sentiments pour une autre pendant le début d’une relation amoureuse.
Cette b-side fait actuellement l’objet de promotions dans les music shows, offrant au public l’opportunité de découvrir ARTMS avec deux titres légèrement différents, mais cohérents.
THE HITCHHIKER’S GUIDE TO THE GALAXY
« The Hitchhiker’s Guide To The Galaxy » commence avec une mélodie jouée au piano. La production évolue tout au long de la chanson, incluant un sample familier puisqu’il apparaît aussi dans « Butterfly ». Les percussions rapides ainsi que les violons rajoutent des textures au titre, le rendant dramatique, presque épique.
Le refrain est brouillé par les effets appliqués sur les voix des membres, rendant l’atmosphère du titre encore plus aérienne et rêveuse.
Le terme « hitchhiker » rappelle le titre du même nom paru dans le premier EP de Chuu, tandis que « galaxy » implique encore un peu plus le voyage effectué par ARTMS et LOONA dans l’univers, tout en faisant écho au roman bien connu de Douglas Adams.
FLOWER RHYTHM
« Flower Rhythm » fait partie des pre-releases du groupe. Ces singles, sortis avant l’album, ont servi à teaser les débuts d’ARTMS et à poser les bases de leur univers musical.
Le titre inclus un sample de « Kehwa », introduction de l’EP d’Heejin, paru en octobre 2023. Ce sample est utilisé de manière énergique et mélodieuse au sein du refrain, avec un tempo accéléré comparé à « Kehwa ».
« Kehwa » signifie « fleurir » en coréen, aussi il est tout naturel que « Flower Rhythm » implique la floraison d’ARTMS – une fleur qui éclot et se dévoile au public. Le synthétiseur future bass instaure une atmosphère aérienne, prouvant que les singles représentaient l’essence-même de l’album dans son ensemble, et ainsi d’ARTMS.
CANDY CRUSH
A l’instar du précédent titre, « Candy Crush » est une pre-release. Le titre fait immédiatement référence au single digital de Haseul, « Plastic Candy ». D’ailleurs, ce titre est inclus dans les paroles de la chanson, chanté par Jinsoul lors du second couplet.
« Candy Crush » est une chanson aux influences de city pop et contemporary R&B, avec une mélodie sensuelle et un chant détendu, alternant entre exploration des registres graves et des notes plus aiguës. Le tout est assez funky, avec une utilisation de basse qui s’accorde parfaitement au reste de l’album qui semble, pour le moment, suivre une continuité assez logique.
AIR
« Air » démarre avec un sample de « Air Force One », en plus de faire également une référence à « Butterfly « de LOONA dans les paroles (Been been there and I’ve been been there).
Avec une mélodie groovy mais détendue, « Air » s’apprécie plutôt vers la deuxième ou la troisième écoute. La production est légèrement confuse, tant les instruments et genres musicaux semblent se mélanger. Bossa Nova, pop, r’n’b, musique classique, le morceau est sautillant et complexe. L’ambiance est semblable aux tendances actuelles de musiques rétro, bien que le tempo soit plus lent que, par exemple, ILLIT, NewJeans ou BoyNextDoor.
Néanmoins, si vous êtes fans de remix tels que « (musique) jouée dans une salle de concert vide » ou « (musique) jouée lors d’une fête mais vous êtes dans la salle de bain », « Air » sera certainement un titre que vous apprécierez particulièrement pour son atmosphère chill.
UNF/AIR
Le titre suivant est « Unf/Air ». Le mot « unfair » signifie en français « injuste », tandis qu’un jeu de mots prend place, le coupant pour que « air » soit séparé.
Les paroles expriment le sentiment d’injustice ressenti lorsque l’on aime une personne qui ne réciproque pas nécessairement notre amour, ou qui ne réalise pas que notre cœur bat pour elle. Une relation existe déjà, peut-être amicale ou ambigüe, au point que même nos ami·es nous demandent ce que nous sommes.
La production musicale est cohérente pendant l’entièreté du titre, avec des éléments de deep house et de bubblegum pop. Le synthétiseur ressemble ici presque à des carillons d’extérieur.
A ce point de l’album, « Unf/Air » paraît légèrement répétitive, voire même prévisible.
DISTRESS
« Distress » est, dès les premières secondes, immédiatement une coupure entre le début de l’album et la fin. Le titre est agréablement inspiré par la future bass, mais comprenant toujours des éléments de synthétiseur et de city pop, avec des percussions et des basses plus marquées. Avec une atmosphère un peu plus sombre, portée par les vocals dreamy des cinq membres, « Distress » se démarque du reste.
Le sentiment est presque dramatique, et, bien que l’on remarque à nouveau un mix trop flou entre les instruments et les voix lors du refrain, pendant le reste de la chanson, le chant est bien distinct. Plus sensuel que les autres morceaux, “Distress” montre une autre facette d’ARTMS, tout en restant dans la continuité dreampop de l’album.
BUTTERFLY EFFECT
Alors que nous approchons de la fin de l’album, « Butterfly Effect », une nouvelle surprise nous est offerte. Ce « ooh-ooh » qui entame la chanson happe immédiatement l’auditeur·ice. Les harmonies des membres sont tout simplement intrigantes, et de là naît une sensation de flottement.
« Je pense que le message que « Butterfly Effect » fait passer – que nous nous développons à travers un effet papillon – est que nous espérons que les gens trouveront du courage et leur identité personnelle, et utiliseront leur voix. «
Jinsoul
« Butterfly Effect » est une réponse, ou une continuation, de « Butterfly », un des titres les plus représentatifs de LOONA, et les plus appréciés par les Orbits. Ce titre, plein d’énergie LOONA avec une forme d’expérimentation de future bass et de progressions instrumentales donne un sentiment de liberté que « Butterfly » exprimait déjà parfaitement. « Butterfly Effect » a donc de grandes chances de devenir une chanson populaire auprès des Orbits, mais aussi une des chansons les plus iconiques de la discographie post-LOONA.
BIRTH
Premier titre de pre-release, « Birth » a remporté une compétition Gravity, un système utilisé par ModHaus afin de faire participer les fans à certaines décisions. Face à trois autres titres, « Birth » s’est démarqué par son atmosphère sombre et totalement en décalage par rapport aux autres chansons de LOONA, Odd Eye Circle, Heejin et Haseul.
Alors que beaucoup de fans se sont demandés pourquoi ce titre presque dissonant s’est retrouvé en conclusion de l’album, votre autrice apprécie cette ultime surprise musicale. L’instrumentale nous amène constamment dans des directions différentes, rappelant un peu des titres de Billie Eilish comme « Bad Guy » , avec un potentiel particulier de viralité sur TikTok.
La stratégie de ModHaus fonctionne particulièrement bien avec « Birth ». L’image d’ARTMS est presque psychotique dans ce titre, tant dans les instruments tantôt erratiques, tantôt presque effacés. Les violons et harmonies donnent des impressions d’OST de film d’horreur, et le MV énigmatique continue dans cette direction.
Entrecoupé de dessins perturbants, les plans sombres du MV montrent les membres d’ARTMS dans des situations stressantes et pleines de tension. Confusion est le premier adjectif qui vient en tête en le visionnant.
CONCLUSION
Pendant sa première semaine de vente, DALL a dépassé les 100,000 ventes, en faisant le deuxième album de LOONA s’étant le mieux vendu pendant cette période cruciale. Alors même qu’aucune photocard, ou Objekt dans le langage de ModHaus, n’est incluse dans l’album original, l’album s’est donc bien vendu.
Une troisième version nommée Objekt Music Album et vendue à approximativement 5 euros contient un code QR pour accéder de manière virtuelle à l’album et une photocard a été commercialisée le jour de la sortie de l’album afin de booster les ventes, une belle stratégie de l’agence.
La ligne directrice de DALL est sans conteste centrée autour de « Virtual Angel » et donne des impressions de rêve et de flottement tout du long – jusqu’à en devenir parfois légèrement lassant. Légèrement, puisque l’on retrouve tout de même des éléments de surprise, et les voix des membres sont toujours agréables à écouter. DALL est donc un album particulièrement cohérent dans sa direction artistique et musicale, mais qu’on aurait aimé un peu plus marquant. Savoir que les membres ont également participé à l’écriture des paroles nous rassure quant à leur implication de ce nouveau projet musical.