Après un début en solo couronné par une réception plus que positive en mai dernier, Yves fait son premier comeback avec I Did, un mini album produit principalement par Millic (fondateur du label d’Yves, Paix Per Mil) et IOAH. On vous dit tout sur ce nouveau projet !
« LOOP » a connu un succès plus que franc – la première title track d’Yves est rapidement devenue une des préférées des Orbits (nom des fans de LOONA) et des Engdus (fans d’Yves). Avec le featuring de Lil Cherry, « LOOP » est devenu, selon les fans de K-pop, un club anthem pour son rythme et sa production house music et UK garage. Mais aussi et surtout, l’EP a été nommé par Billboard comme l’un des meilleurs albums K-pop du premier semestre 2024.
Le premier comeback d’Yves est tout aussi prometteur. I Did est à la fois éclectique et cohérent, explorant différents genres musicaux – des influences hyperpop qui rappellent le « Brat Summer » de Charli XCX aux RnB et hip hop de ses producteurs.
Lors d’un fansign, votre autrice a pu lui demander de décrire son EP, ce à quoi elle a répondu : « (la sensation d’être) sous une couverture chaude ». Découvrons ensemble l’album d’Yves.
VIOLA
« Viola » est la title track de l’EP I Did. Produite par Millic et IOAH, la chanson commence par une voix presque robotique : « let’s get dumb and break shit » (soyons bêtes et détruisons tout).
Les influences bubblegum bass / hyperpop et PC Music sont remarquables par la modulation de la voix lors du refrain chanté dans un registre aigü mais aussi par l’utilisation de bruits presque non-musicaux divers. La basse donne une sensation de bulle ou de balle à rebonds tandis que le synthétiseur est tantôt calé sur la mélodie chantée, tantôt créant leur propre rythme – une inspiration wonky. Le wonky est un genre de musique expérimental basé sur des mélodies de synthétiseurs instables.
Yves raconte à travers les paroles une nouvelle partie de son histoire, et montre ainsi ses émotions avec beaucoup de vulnérabilité : « I just need some space / voices in my head / I just need some space » (j’ai juste besoin d’espace / les voix dans ma tête / j’ai juste besoin d’espace).
Yves traverse le processus de se (re)trouver et d’apprendre à se connaître est fastidieux, causant parfois une envie d’être seul. Avec une performance vocale rêveuse, on imagine l’idol plonger dans son inconscient pour tenter de mieux se comprendre.
Le MV poursuit cette idée en montrant des plans minimalistes avec des fonds généralement épurés et peu d’accessoires. Cependant, plusieurs objets circulaires sont utilisés, comme des spirales d’Archimède.
Le MV
La spirale d’Archimède est une ligne droite entourée sur elle-même. Dans la spiritualité, ces spirales peuvent déterminer une partie de notre inconscient. Elles sont associées à l’évolution, à la croissance, aux événements se répétant mais aussi à l’égo.
Cette double spirale en feu devient un simple rond lorsqu’Yves se place devant,
brisant ainsi un cercle répétitif et mettant fin aux doutes. Le cercle représente l’unité et l’harmonie et, comme il n’a ni début ni fin, il est symbole du renouveau.
On aperçoit aussi plusieurs scènes avec une vidéo d’un homme semblant mécontent et un bureau avec des employés. Yves est montrée dans un petit bureau à cloisons, entourée d’écrans montrant l’homme arborant des expressions négatives, initialement enfermée dans un cercle vicieux ; celui de trop prêter attention aux commentaires et exigences des autres jusqu’à ne plus suivre ce que notre cœur désire réellement. Mais à la fin du MV, la chanteuse se libère de cet espace de négativité.
I know who I am
Oh please just stop it
It’s burning my brain
You’re melting my chain
Je sais qui je suis / S’il te plaît arrête ça / Ça embrouille mon cerveau / Tu fais fondre [mes chaînes]
Des scènes plus légères mettent en valeur la chorégraphie ainsi qu’Yves qui apparaît dans différentes tenues transmettant un peu plus le sens de « Viola » – notamment un ensemble noir rappelant un tailleur lorsqu’elle est dans un bureau de travail. Ce sentiment d’être coincé est personnifié par Yves, qui se montre fatiguée au début du MV, recroquevillée sur elle-même et sa tête reposant sur ses bras croisés.
La chanson autant que le clip sont sujets à de multiples interprétations, rendant le tout d’autant plus intriguant et addictif. « Viola » suit les tendances occidentales tout en apportant de la fraîcheur et une patte personnelle à l’hyperpop.
Q : Est-ce que la title track a été créé en pensant aux fans internationaux ?
Yves : Le groupe (LOONA) ainsi que moi-même avons plus de fans à l’étranger qu’en Corée, je pense que l’agence a pris cela en considération. Le genre hyperpop est assez rapide et a un ton unique, donc cela peut paraître un peu étrange en coréen. Le message que je veux vraiment faire passer dans la chanson a été enregistré en coréen.
HASHTAG
« Hashtag » possède des inspirations RnB et hip hop des années 1990 et 2000, notamment avec une mélodie de piano placée en boucle tout au long du titre. Le titre est introduit par des expirations masculines et une boucle de basse profonde. Le titre rappelle des artistes comme Brandy avec son album Afrodisiac ou certaines chansons telles que « No Scrubs » de TLC.
Avec « Hashtag », Yves exprime une certaine frustration envers quelqu’un qui ne dit pas directement les choses, tourne autour du pot et préfère la « traiter comme une étrangère » plutôt que d’être honnête. Les paroles, écrites entièrement en anglais, montrent l’intérêt d’Yves mais également de ses producteurs 0JV3 et IOAH pour la black music.
Yves a participé activement à la composition notamment en proposant des artistes et chansons qu’elle apprécie à Paix Per Mil afin de produire un EP qui lui ressemble. On retrouve dans sa playlist PinkPantheress, Tyler Lewis ou encore Kelela.
« Hashtag » est une b-side surprenante et envoûtante grâce à la performance vocale d’Yves qui expose avec brio ses talents.
GONE GIRL
Yves a annoncé avec surprise que « Gone Girl » est le titre le plus mentionné par les fans internationaux lorsqu’elle leur demande leur chanson favorite de l’EP. « Gone Girl » nous plonge dans une atmosphère chill, douce et légère avec une production plus épurée et pourtant complète et aboutie.
La guitare acoustique avec un effet de reverb et les percussions douces nous donnent une impression de fin de soirée ou de road trip (« Hands on the wheel / Driving on the highway » – « les mains sur le volant / conduisant sur l’autoroute »).
La performance d’Yves est pure, vulnérable et brute alors qu’elle affirme laisser dans le passé une relation douloureuse : « I tried to make you love me / But it was all just fake » (« j’ai essayé de te faire m’aimer / mais tout était faux »). Alors, dans une voiture, elle chasse le coucher du soleil et se sent enfin libre et débarrassée de cette relation. Les bruits de pas au début du titre amplifient cette sensation de quitter cette situation.
Le titre de la chanson, « Gone Girl », est probablement inspiré du livre de Gillian Flynn qui retrace le parcours d’une femme se faisant passer pour morte afin de fuir sa vie. Dans Gone Girl, la protagoniste détruit son image de femme parfaite en disparaissant afin de se (re)trouver. Sa relation avec son mari et avec elle-même sont toxiques, mais sa manière d’abandonner le passé l’est tout autant. Sans aller jusque là, Yves décide simplement de tourner la page pour son propre bien dans « Gone Girl ».
TIK TOK
« Tik Tok » est un single de pre-release sorti l’été dernier, faisant le pont entre LOOP et I Did. Avec une ambiance très acoustique et détendue, il suit avec brio « Gone Girl », prolongeant non seulement l’atmosphère musicale mais également l’histoire d’Yves.
Dans ce titre, Yves fait encore face à une relation compliquée qui lui fait « perdre du temps », car la personne en face d’elle agit « comme un enfant ». Les deux protagonistes sont coincés dans un cercle vicieux les poussant à se battre continuellement.
Alors, Yves décide de s’affirmer et place des limites. Elle ne veut plus se sentir lésée et récupérer ses heures perdues, mais aussi arrêter de dépendre de cette personne. Le soleil se lève et Yves part, laissant derrière elle cette relation toxique.
« Tik Tok » fait la part belle à l’acoustique avec une conclusion s’étirant sur ce qui pourrait presque être un couplet entier. Mais ce quasi-silence parle de lui-même : il n’y a plus rien à dire. L’ambiance est cinématographique. On s’imagine spectateur d’un film, avec le protagoniste qui marche le long d’une longue route.
DIM
Le dernier morceau de l’EP est un léger virage par rapport au reste des titres, sans pour autant être trop dissonant. Au contraire, l’ambiance de la production reste minimaliste avec des influences trap mais l’ambiance est plus sombre et lourde.
« Dim » commence avec un violon presque lugubre tandis que la voix d’Yves parvient à nos oreilles, elle aussi remplie d’émotions et accompagnée par un 808 grave ainsi que des sons de cymbales Charleston plus légers.
Les harmonies dans le second couplet ajoutent de la profondeur aux tourments exprimés par le chant. A l’instar de « Tik Tok », le morceau se poursuit par une partie instrumentale faisant elle aussi appel aux émotions de l’auditeur. Le ton est lourd, un peu sinistre mais aussi très cinématographique. Le violon revient crescendo, créant une nouvelle atmosphère erratique, un peu violente et faisant penser à des glitchs.
La conclusion rappelle des titres drum and bass avec ce changement de rythme, mais aussi l’hyperpop avec une sirène retentissant dans le fond. Yves crée un pot-pourri atmosphérique et mystérieux dans « Dim », en faisant une chanson qui bouleverse.
CONCLUSION
I Did est un témoignage de la croissance artistique et personnelle d’Yves. Avec quatre titres exclusifs, Ha Soo-young (de son vrai nom) dévoile une évolution spectaculaire dont on espère qu’elle ne sera qu’exponentielle. En effet, l’idol a dévoilé vouloir participer encore plus au processus créatif de son prochain comeback.
Pour l’instant, on apprécie les promotions de « Viola » et on attend avec impatience son concert à Paris ce 12 décembre au Bataclan !