BOOKCLUB : « Les K-dramas, ces séries qui font du bien »

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Publié par : Presse Universitaires de France (PUF)

Auteurs : Vincenzo Cicchelli, Sylvie Octobre

Genre : Étude

Parmi les outils de soft power qui font la renommée de la culture sud-coréenne, les K-dramas tiennent une place de choix aux côtés de la K-pop ou la K-Beauty. Ce genre de série typiquement coréen était d’abord difficile d’accès aux spectateurs occidentaux, mais depuis 2016 il s’est massivement développé sur les grandes plateformes de vidéos à la demande telles que Netflix, Amazon Prime ou Disney +.

Cette popularité grandissante prouve que les K-dramas ont conquis les foyers de toutes cultures. Comment ce genre si marqué par son pays d’origine est devenu universel et apprécié de tous ? C’est sur cette question que se sont penchés deux spécialistes français de la Hallyu : Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre dans leur nouveau livre : « Les K-dramas, ces séries qui font du bien »

Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre sont deux sociologues et professeurs/chercheurs. Ils ont ensemble, écrit de nombreux ouvrages sur les pratiques culturelles des adolescents dans un contexte de mondialisation. Ils sont également rédacteurs en chef de la revue anglaise « Youth and Globalization ». Cette étude sur les K-dramas est leur troisième livre traitant  de la culture sud-coréenne. Ils ont en effet sorti « The sociology of Hallyu Pop Culture » en 2021, et « K-pop, soft power & culture globale » en 2022.

Une analyse inédite

Dans ce récent ouvrage, les auteurs décortiquent le succès fulgurant des K-drama avec une perspective différente des travaux déjà parus sur le sujet. Pour eux, cette popularité ne s’explique pas seulement par un exotisme apporté par les mélanges de genre traditionnels, ou par un esthétisme nouveau, mais aussi et surtout parce que ces séries traitent de la force et de l’évolution des liens sociaux : « À travers les K-drama, c’est donc un attachement désirable, une véritable philosophie du vivre ensemble, de l’être en société, qui s’offrent au regard des sociétés occidentales postmodernes. »

Au fil des 200 pages du livre, les sociologues analysent les liens sociaux, en nous expliquant d’abord que les K-drama ramènent le bien au centre du récit. Ce positionnement paraît banal, mais c’est en fait l’inverse des habitudes télévisuelles occidentales, où les traits malveillants sont accentués et normalisés. Et d’après les auteurs, cette bonté mise en avant, ne se traduit pas en grands sauvetages héroïques, inaccessibles au spectateur lambda, mais plutôt par des petites actions du quotidien, souvent omises mais qui rayonnent sur l’entourage des personnages. Ces séries se veulent être le miroir du vécu des spectateurs. Les personnages évoluent eux aussi dans un monde imparfait, où de nombreuses inégalités subsistent.  Toutefois, ils améliorent leur quotidien et trouvent une paix intérieure en diffusant la bienveillance grâce à leurs efforts pour faire le bien.

Suite à ce chapitre d’explication des liens et du bien dans les K-Dramas, les auteurs mettent en avant plusieurs “épreuves” qui peuvent mettre en péril la force de ces liens en utilisant à chaque fois trois K-Drama comme exemple pour illustrer les enjeux de ces épreuves. Il est donc possible de voir comment “Strong Woman Do Bong-soon” joue avec les stéréotypes de genre , comment “Itaewon Class” montre la revanche des discriminés, ou encore comment “Hotel del Luna” lie le passé, le présent et l’avenir. L’utilisation d’exemples concrets permet de rendre les explications des différents concepts plus concrètes et plus captivantes, de faire découvrir des K-dramas et aussi de percevoir ceux déjà visionnés sous un nouvel angle.

Cette étude très complète permet de comprendre pourquoi les K-Dramas passionnent tant malgré leurs différences avec les séries produites en Occident et plaira autant aux fans confirmés qu’aux néophytes curieux.


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