Après plus de 8 ans de carrière, Jennie sort enfin son premier album studio solo ! Très attendu par les fans depuis la sortie de «Mantra» en octobre dernier, l’artiste a vu les choses en grand. Cet album ne contient pas moins de quinze chansons dont cinq en featuring avec des artistes occidentaux de renoms.
Une exception pour une artiste venant de la K-pop, en particulier du groupe Blackpink puisque les deux seuls albums du groupe contenaient huit chansons chacuns. Cette première distinction avec la K-pop est loin d’être la dernière. Depuis son départ de YG entertainment, Jennie a créé son propre label : Odd atelier, distribué sous le géant Columbia et le processus de création de Ruby s’est fait bien différemment.
Un album plus occidental
Si Blackpink avais déjà bien réussi son exportation à l’international, Jennie continue dans cette voie. Pour l’enregistrement de cet album, elle s’est installée à Los Angeles, et a collaboré en grande majorité avec des compositeurs américains ou européens ayant rarement eu l’occasion de collaborer avec d’autres artistes sud-coréens, Parmi les plus crédités, il y a notamment Bibi Bourelly que l’on retrouve sur six morceaux, et qui a travaillé auparavant pour Rihanna, Mariah Carey ou Usher.
Ses collaborations multiples révèlent la volonté de Jennie de s’installer sur le marché occidental de la musique. On compte quatre artistes américain : Childish Gambino, Kali Uchis, Dominic Fyke et Doechii; deux européen : l’anglaise Dua Lipa et le français FKJ. On trouve beaucoup d’artistes pour un seul album, chacun ayant des styles différents,qui se marient pourtant tous très bien avec celui de Jennie.
Jennie Ruby Jane
Jennie est créditée dans chaque morceau de Ruby, elle a participé à l’écriture et/ou la composition de chaque chanson ce qui en fait un album très personnel. En se lançant en solo, les quatre membres de Blackpink ont dû relever le même défi, trouver leur propre style. C’est en partie ce que Jennie prône dans cet album, être elle-même, à commencer par le titre de celui ci : Ruby, qui vient de son nom de scène complet : Jennie Ruby Jane, un nom qu’elle a elle même trouvé lorsqu’elle vivait encore en Nouvelle-Zélande, avant de rentrer chez YG Ent. Elle raconte dans l’interview Apple music avec Zane Lowe qu’à ses onze ans, elle voulait se créer une identité plus forte, que le prénom Jennie ne suffisait plus et ne correspondait pas à ses ambitions. Elle explique qu’elle a choisi ce nom pour l’album car il la représente en plus d’être un nouveau chapitre pour sa carrière.

La pochette fait écho à cette idée, on y voit Jennie avec une perruque couleur rouge rubis, face à une version miniature d’elle même, un album sur Jennie, par Jennie.
Jennie explore les styles
Connue pour son talent de rappeuse dans les chansons “girl crush” de Blackpink, il était difficile de prédire les sonorités de cet album. Les 2 précédents solos de Jennie, «Solo» et «You & Me» étaient plutôt pop, dansants, avec une pointe d’EDM.
«Mantra», sorti en pre-release en octobre 2024, semblait suivre le même chemin, plus rythmé et plus accrocheur, mais toujours dans cette ambiance pop. Pourtant, avec ses touches de R&B, le morceau annonçait le style de Ruby.
Fin janvier, Jennie a surpris ses fans en sortant le clip de «Zen», un morceau plus lent mais très frappant. Les rythmes sont puissants, lourds, couplés avec des passages électro envoûtant. La voix de de Jennie se marie parfaitement avec l’instrumentale, devenant parfois comme un instrument, elle oscille entre un timbre mélodieux , à des passages presque parlés, très sévères. Une chanson poignante et différente de tout ce que Jennie a sorti auparavant, qui prouve l’étendue de sa musique.
Seulement quelques jours plus tard, c’était au tour de «Love Hangover», en collaboration avec Dominic Fike, de sortir. Très différent de “Zen”, c’est un morceau très fluide, onirique , presque psychédélique vers la fin. Les inspirations rétro sont évidentes, avec un mix de soul et R&B. Sa voix est légère, et contraste beaucoup avec le couplet rappé de Dominic Fike, qui peine peut-être un peu à montrer son style.
Changement de registre avec «ExtraL», en collaboration avec Doechii. Un titre tourné vers le rap qui commence avec un rythme régulier, fédérateur, avec ses répétitions de “do my ladies run this?”. Le refrain est accrocheur, les voix de Jennie et Doechii s’assemblent parfaitement . C’est finalement un featuring réussi, qui mêle bien le style des deux chanteuses, et où on redécouvre Jennie en rappeuse.
«Like jennie» est lui aussi un titre extrêmement fédérateur, qui se veut comme un hymne. À l’écoute, il procure un sentiment semblable à «Run the world» de Beyoncé, ou «Super Lady» de (G)I-dle. Jennie pose sa voix en rappant, mais c’est surtout l’instrumentale très énergique que l’on retient. C’est un mélange d’électro et de funk, avec des rythmes puissant. C’est une chanson parfaite pour mettre l’ambiance lors d’un début de concert.
Le dernier clip sorti est celui de «Handlebars», la collaboration avec Dua Lipa. On retrouve bien le style de la chanteuse avec des sonorités disco et rétro.Cependant la chanson est plus lente, moins dansante de ce à quoi on aurait pu s’attendre de leur part. Leurs voix fonctionnent bien entre elles et parfont le morceau. Le tout est agréable à écouter mais manque peut-être d’un passage qui se démarque.
La collaboration avec Childish Gambino et Kali Uchi sur «Damn Right» rappelle sur quelques points «One of the girls», en featuring avec The Weeknd et Lily-Rose Depp pour la série “The Idol”. Les deux morceaux sont posés, calmes, oniriques , avec trois voix qui se complètent bien. Cependant, contrairement à «One of the girls», «Damn right» n’est pas très mémorable, la mélodie R&B douce peine à accrocher l’attention et même si le morceau est agréable, il ne sera pas inoubliable.
«With the IE» est un morceau accrocheur et composé astucieusement, il sample ouvertement la chanson «jenny from the block» de Jennifer Lopez.Le titre du morceau y fait aussi référence, puisque l’orthographe du prénom de Jennie s’écrit plus communément Jenny, mais pour elle c’est avec un IE, en anglais : “With a IE”. La chanson reprend donc la mélodie originale Hip-Hop old school et le modernise. Le résultat est entraînant et réussi.
Jennie finit Ruby plus calmement avec les trois derniers morceaux. «Seoul City» est plus intime, la mélodie R&B est sensuelle et ensorcelante. La chanson «Starlight» est elle plus candide, et le rythme qui s’accélère donne une dimension féerique au morceau. L’intro et l’outro conté par l’acteur Yeo Jin Goo couplés au piano en font presque des balades. Quant à «Twin», c’est une chanson plus simple : la voix de Jennie accompagnée par la mélodie à la guitare. Cette simplicité amène beaucoup de sincérité à la chanson, et est accentuée par les paroles du refrain “It’s like i’m writing a letter but i’m writing a song”. Jennie décrit ce morceau final comme le plus personnel de l’album.

Introspection et sororité
Au-delà du travail varié sur la style musical de l’album, Ruby était pour Jennie une page blanche. Depuis le début de sa carrière, elle n’a jamais eu autant de liberté sur sa musique, et la multitude de thèmes abordés montre qu’elle a des choses à dire.
Dans «Start a war», elle parle des sacrifices qu’elle pourrait faire pour les personnes qu’elle aime. Dans «F.T.S» elle explique qu’il ne faut pas toujours suivre une voie toute tracée et parfois créer son propre chemin. Au travers de «Filter» elle dénonce les injonctions de beauté et les critiques qu’elle a pu recevoir durant sa carrière. Des thèmes variés et éclectiques mais qui résument bien les sujets qu’on retrouve le long de l’album.
«Mantra» et «ExtraL» sont des hymnes à la sororité qui encouragent les femmes à prendre confiance en elles. «Zen» et «Like Jennie» évoquent l’importance de l’individualité, de l’amour propre et encore une fois de la confiance en soi. Enfin Jennie parle d’amour sous toutes ses formes dans «Love Hangover», «Twin», «Seoul City» ou «Damn Right».

Jennie sur sa bonne voie
Un concentré de sujets qui se superposent souvent dans cet album, le tout sur un mélange de genres musicaux variés avec des collaborations tout autant diversifiées, avec Ruby, Jennie se lance en solo de manière brillante. son envol vers l’industrie musicale occidentale se confirme. La chanteuse a donné du sien pour faire un album qui lui ressemble. La première moitié des titres est très entraînante, Jennie nous emmène de style en style et on ne s’ennuie pas, cependant la deuxième partie est un peu plus monotone et homogène. Malgré ce manque d’équilibre, Jennie prouve avec Ruby qu’elle est capable de nous amener au fond de son être, et prouve sa qualité de star internationale.