Le roi de la K-pop était de passage à La Défense Arena le 20 septembre dernier pour son unique date européenne. Légende vivante en son genre et membre pilier du groupe BIGBANG, G-Dragon embarque pour sa deuxième tournée mondiale seulement quelques mois après la sortie de son projet solo Übermensch. C’est lors de la PHASE 3 de sa tournée qu’il révèle la date à Paris, pour le plus grand bonheur des fans français.es. Grâce au tourneur AEG Presents, le grand GD nous a offert un spectacle des plus théâtraux et haut en couleurs. De Chanel vêtu, il nous a prouvé avec un charisme fou qu’il est une figure de proue de la K-pop.
Photo de couverture : © GALAXY CORPORATION
Si sa venue au Gala des Pièces Jaunes en janvier dernier a fait grand bruit, c’est bien parce que sa dernière apparition scénique dans la capitale datait de 2017 pour son Act III: M.O.T.T.E World Tour. Sept ans après, les VIPs (fans de BIGBANG) sont toujours au rendez-vous. On y était et on vous raconte.
Une salle prête à recevoir
Avant même que le spectacle ne commence, une véritable ébullition s’installe dans l’enceinte de la salle alors que les clips de G-Dragon défilent sur les écrans. En partenariat avec Deezer, les paroles de “heartbreaker” ou “COUP D’ÉTAT” passent et permettent aux fans de chanter en direct et en coeur. L’ambiance s’installe alors que les gradins et la fosse assise se remplissent graduellement aux couleurs de BIGBANG et de GD qui ont tous deux leurs lightsticks représentés (une couronne jaune pour BB et une marguerite pour GD). Des VIPs de tous les pays se rassemblent à La Défense Arena pour cette unique date européenne : il fallait y être.
Les fans ont pu danser sur “HOME SWEET HOME”, deuxième titre de la setlist, en featuring avec ses compères Taeyang et Daesung. Ces deux derniers étaient projetés comme des hologrammes sur les écrans de la salle, accompagnés par de véritables feux d’artifices colorés. Le ton est donné, la salle résonne déjà aux notes de G-Dragon et des VIPs. Ce joli hommage à BIGBANG a fait mouche alors que l’artiste a annoncé lors de son ment que le groupe ne tardera pas à faire son grand retour (et on les attend avec impatience).
Une légende humaine qui rassemble les foules

Dès que le premier titre “POWER” retentit, c’est une foule en délire qui s’exclame. La légende est là, prête à interpréter et incarner son dernier projet solo. Le choix de cette chanson comme introduction fait complètement sens alors que GD arrivé couronné, vêtu de sa célèbre veste de roses (que les fans n’ont pas manqué de reproduire). Ce n’est pas tous les jours que l’on voit G-Dragon se mouvoir dans son égotrip, et les vibrations se sont fait ressentir dès son arrivée.
Lors de ses prises de paroles, les fans réagissent et cherchent à le féliciter par tous les moyens, notamment en reprenant notre hymne des White Stripes mais aussi en chantant l’intro de “Bang Bang Bang”, titre de BIGBANG. Ce fut un moment marquant pendant le concert alors GD avait du mal à comprendre ce qui se chantait entre la gauche et la droite de la salle. Il a tout de même entendu le morceau de son groupe et a chanté avec les VIPs, alors que les lighsticks se sont allumés en jaune (couleur de Big Bang).
Une mise en scène complète, “welcome to the greatest show”

G-Dragon est un showman, et ne lésine pas sur la mise en scène qui prend au corps. Dès le début, des effets pyrotechniques à gogo, des lasers de couleurs, une horde de danseurs plus talentueux les uns que les autres qui l’accompagne : c’est à couper le souffle. On nous avait vendu du grand spectacle, et c’est bien le cas i. Parmi les artistes qui l’accompagnent, des danseurs de renom comme les Kwon twins qui l’accompagnent depuis longtemps. Ils sont notamment présents dans le MV de “TOO BAD”.
Certaines performances étaient visuellement très fortes, notamment celle de “michiGO”, où comme son nom l’indique, tout était “fou”, et qui a précédé “One of a Kind”. Deux titres iconiques teintés de rouge où la batterie a frappé encore plus fort qu’on ne l’aurait imaginé et les lasers ont fusé. GD était bien accompagné d’un live band qui semblait prendre quelques libertés artistiques pour ajouter encore plus de saveur aux morceaux joués.
À plusieurs reprises pendant le concert, la mise en scène a pris une tournure très visuelle, passant d’une ambiance de festival écrasante comme pendant “CROOKED”, à une salle de théâtre presque freakshow-esque, à une sorte de château froid digne des légendes transylvaniennes comme sur “BONAMANA”. De beaux clins d’oeil à ses différentes eras musicales comme l’album Kwon Jiyong où le theâtre prend une place importante. Les couleurs rouge et noir sont aussi prégnantes dans son projet COUP D’ÉTAT. Difficile de se remettre de ses émotions et de qualifier simplement G-Dragon tant il puise d’inspirations visuelles.
GD est un theater kid (terme anglosaxon qui renvoie à un persona cliché d’enfant aimant la scène et la performance) qui ose non seulement se mettre en scène mais aussi proposer des jeux de caméra innovant. Il nous amène en fond de scène entre deux morceaux alors qu’il change sa veste et flirte avec la caméra sans pour autant retourner en coulisses. Chaque moment était un nouveau chapitre marquant comme l’interlude vidéo inattendue de beatbox par le professionnel Wing qui a fait vibrer la salle, moi y compris. C’est dans une transition fluide qu’il est revenu sur scène avec son solo début “heartbreaker” où la troupe de danse a de nouveau impressionné.
Les infrastructures et accessoires faisaient aussi partie intégrante de la mise en scène. Un rideau d’écrans lumineux couvrait et découvrait GD à chaque nouveau segment, une cage à chien est apparue pendant “BULLSHIT”, un micro décoré d’une traîne de mariée, ou encore une statue Ubermensch pendant “Butterfly”. Il a également utilisé des podiums sur scène pour être surélevé avec ses danseurs, créant une très jolie formation vue de côté commet de face.
Une présence scénique certaine
Ses quelques interventions parlées étaient dignes de celle d’une superstar : un certain “do you love me?” impertinent glissé pour faire crier la foule, ou un “who am I?” pour rappeler son statut. Il n’éprouve aucune difficulté à enflammer 40.000 personnes, dans un naturel impressionnant. On dit que certaines personnes sont nées pour être sur scène, je suis convaincue qu’il en fait partie.
À plusieurs reprises je me suis retrouvée bouche-bée en écrivant un seul mot clé : “charisme”. On pense par exemple au moment d’introduire le morceau iconique “CRAYON” où il a demandé à la foule de le suivre et de crier avec lui les paroles “get your – crayon”. Le moment était non seulement attendu par les fans car il constitue une tradition, mais aussi totalement opportun pour tourner la salle une nouvelle fois en festival. GD a plusieurs casquettes, car s’il a pu être visuellement plus agressif en début de concert, la suite s’est adoucit, notamment avec de la disco pop fun, comme avec “TAKE ME” où se mêle colorimétrie rose et solo de guitare néon. Son charisme transparaissait toujours autant dans ce registre.
Il n’hésite pas non plus à faire des solos de danse et à faire des freestyles comme pendant “I LOVE IT”, non sans nous rappeler la pop de Michael Jackson, ou encore “TOO BAD” en featuring avec Anderson. Paak. G-Dragon est le ace (excellant dans tous les milieux) originel de la K-Pop et il nous l’a bien prouvé ici. C’est avec surprise qu’il a proposé un medley dansé sur “TOO BAD” avec “Lady Marmelade”, très bien réussi. Monsieur G-Dragon a par ailleurs repris avec humour les paroles pendant son ment “voulez vous coucher avec moi ce soir?”.
Surhomme ou rockstar ? l’égotrip justifié de Kwon Jiyong

Les fans de GD ne manquaient pas de scander son nom complet “Kwon Jiyong”, nous rappelant sans aucun doute son statut de rockstar dans l’industrie. Il se déplace de gauche à droite, d’avant en arrière sur la scène, et les fans le suivent en courant depuis la barricade. C’est pendant “CROOKED”, une des fan favorites qu’on remarque particulièrement le magnétisme de GD. Si c’était normalement une fosse assise, les VIPs n’ont pourtant pas manqué de se lever et de lui offrir ce “bain de foule” qu’il attire. Son attitude n’a d’écho que l’admiration qu’il reçoit alors qu’il s’approche de cette foule pendant “Today” pour se regarder dans leurs téléphones et jouer avec la fame. En argot d’internet actuel, j’aurais dit “+1000 aura”.
Son statut de rockstar se renforce alors qu’il revient pour son encore sur un cover très rock de “Can’t Help Falling in Love” d’Elvis Presley, titre qu’il a interprété pour la BO de son dernier biopic. Ce n’est donc pas un hasard si le “king of K-pop” interprète le “king of rock’n’roll”.
C’est ensuite avec sa version personnelle de “This Love” des Maroon 5 qu’il se déplace encore avec attitude désinvolte et charisme naturel. Un titre particulier quand on sait qu’il était présent sur le début album de BIGBANG et qui est aujourd’hui interprété presque 20 ans plus tard.
GD, roi de la mode

Comment parler du concert de G-Dragon sans évoquer la pluralité de ses tenues. Si cette veste de roses rouges et cette couronne était déjà iconiques en l’état, elle est aujourd’hui devenue une marque de fabrique et un statement pour l’artiste. G-Dragon est intégré dans l’univers de la mode, et les choix de tenue n’étaient pas anodins.
Après sa veste de roses, il a porté long manteau de sequins blanc, personnalisé avec un Ü signature dans le dos. A mi-chemin entre le prince et le maître de château, cela fonctionnait très bien pour “BONAMANA” autant que pour “Butterfly”, chanson plus douce. Il porte ensuite une autre tenue plus casual avec une veste cChanel bleue pour le milieu de concert avant de venir en full custom jusqu’aux gants et chapeau noir et blanc inspiré de Coco Chanel. En effet, GD tient son rôle de Global Ambassador pour la marque depuis presque 10 ans. A noter qu’il est le premier ambassadeur asiatique de la marque, une symbolique très forte. Avec la chemise bordeaux et les gants, il rappelait à la fois The Mask et le Joker tout en les rendant chic et couture.
Un storytelling énigmatique et inspiré… parfois impénétrable
G-Dragon installe une histoire dès l’introduction du concert qui commence par un VCR (video recording) énigmatique dont les chapitres se succèdent. Pour le premier, l’excitation est à son comble alors que toute la salle l’attend, le roi est de retour. Des citations nihilistes défilent, dans une direction artistique précise, celle d’un homme qui remet en question la petitesse de l’humanité et qui entend sublimer son existence par la musique et l’art. L’histoire de cet “Übermensch” se met en place et GD nous emmène avec lui, qu’on soit fan invétéré ou simple amateur de musique et de spectacle. Si l’utilisation de ce terme a posé débat au moment de la sortie de son projet, notamment parce que le concept de “surhomme” a été utilisé dans les plus sombres périodes allemandes, il s’avère qu’ici on s’en éloigne bien largement.
L’artiste a cette capacité à embarquer tout un public avec lui et de nous envelopper dans son univers en stimulant tous nos sens physiques mais aussi notre esprit. D’autres chapitres comme celui du “camel/eon” (jeu de mot entre camel -chameau- et cameleon) offraient un storytelling toujours plus obscur. Dans un visuel fantastique à la Bram Stocker, GD appose des citations philosophiques sur le sens de la vie et l’anticonformisme. A cela s’ajoutent des références artistiques en tous genres ou encore un lion (lien avec son signe astro et le fait qu’il soit le “roi” des animaux?).
Tout pousse à croire que GD est surhumain, tout comme un poète transcendantal. On regrette toutefois l’utilisation abondante d’images générées par intelligence artificielle dans ces visuels parfois sur-saturés. Si le message est volontairement impénétrable, l’image aurait pu être plus subtile.
Entre émotion et nostalgie, un lien unique entre GD et ses fans

En plus d’être une superstar, G-Dragon dégage une certaine sensibilité par la transparence dont il fait preuve à propos de ses émotions et de sa santé mentale. Être un génie ne va pas sans contrepartie alors qu’il nous raconte ouvertement sa souffrance dans un interview vidéo exclusif d’une dizaine de minutes.
Après avoir fait le show sur toute la première partie du concert, il s’est montré beaucoup plus sensible, le cœur mis à nu. C’est un artiste à la fois vulnérable et aguerri, prêt à sublimer ses souffrances en quelque chose de presque transcendant. On peut au premier abord penser à un égotrip plein d’hybris, mais il semble qu’une seconde interprétation est possible. Si Kwon Jiyong révèle aujourd’hui se sentir plus heureux et plus libre, c’est aussi parce qu’il a pris le temps de se réapproprier sa vie qui semblait ne plus lui appartenir. En pansant ses blessures, en arrêtant de courir à toute allure et en se retirant, il a renforcé Kwon Jiyong pour faire briller G-Dragon, cet “übermensch”.
Sur “IBELONGIIU”, GD est carrément descendu de scène pour aller à la rencontre directe des fans, comme pour un dernier remerciement. C’est un moment particulièrement émouvant alors qu’il s’agit d’une chanson d’amour direct, envers lui-même, envers ses fans, envers qui en aurait le besoin. Il semble qu’une note d’espoir et de positivité clôture Übermensch.
La fin du concert a pris une vraie tournure nostalgique alors que G-Dragon a salué son public avant de le laisser avec un joli générique de fin sur “HOME SWEET HOME”. Défilaient les crédits mais aussi des vidéos de covers de danse de fans, pendant que les spectateurs chantaient et dansaient une dernière fois en symbiose.
Conclusion
Si le magnétisme et l’audace étaient incarnés, ce serait G-Dragon.
Tous les qualificatifs qui lui sont attribués par les médias sud-coréens et internationaux de type “roi” ou “légende” se justifient ici après un tel spectacle visuel, sonore et émotionnel. Rares sont les artistes solos qui arrivent à imprégner tout l’espace et toute la salle par leur aura, mais c’est le cas de G-Dragon qui nous attire dans son univers. Au-delà d’être un artiste capable de danser ou rapper, il a une présence scénique théâtrale et un peu rebelle qui marque les esprits.
Assister à un concert de G-Dragon est comme s’engouffrer dans un vortex à la fois festif et philosophique où plus rien n’a de sens. Entre le fil conducteur autour de l’Übermensch, les jeux de lumière et les effets pyrotechniques, les tenues portées, mais aussi le choix des chansons, on a eu droit à un spectacle complet.
Malgré la longueur du ment et des pauses en fin de concert, la qualité de ses prestations et la charge émotionnelle présente ont fait de cette soirée une des plus mémorables. Le roi de la K-pop, avec presque 20 ans de carrière derrière lui, est bien dans sa propre cour. Unique en son genre, Kwon Jiyong brille, et ce même au travers de G-Dragon.
Merci à AEG Presents France pour l’invitation.