Les Strangecuts du Festival du Film Coréen de 2024 ont été un condensé de créativité coréenne sous forme courte ! Ces courts-métrages, créés par des artistes en développement, présentent une variété de genres et de points de vue. En seulement quelques instants, laissez-vous emporter par des mondes captivants, explorez des récits inédits et immergez-vous dans l’authenticité de la culture coréenne moderne.
Cette année lors de la projection des Strangecuts, l’équipe du Festival du Film Coréen à Paris avait invité trois réalisateurs dont les films nous ont été présentés : LEE Jinseok (Kangaroo Boy), KIM Gury (Fish in a shattered world) et CHANG Wooje (Bring me the head of a smiling pig), et avec lesquels nous avons pû échanger en fin de séance.
On vous présente les 8 oeuvres programmées pour la sélection de cette année :
The Monster de YANG Ruby et KIM Bomin
- Année de production : 2024
- Durée : 5 minutes
- Genre : Film d’animation
Synopsis : Trois jeunes scouts se racontent des histoires qui font peur dans une cabane en forêt quand une créature toute choupi mignonne tombe du plafond.
L’avis de Claire → La séance a commencé en douceur avec un film d’animation axé plutôt jeune public , qui nous présente trois jeunes scouts se racontant des histoires d’horreur dans leur chambre sous la lumière d’une lampe torche. Tout à coup, une adorable petite créature tombe du plafond et les jeunes filles décident de la nourrir, ce qui fait petit à petit grossir la créature… Un premier choix de film intéressant, puisque jusqu’au plot-twist final, on se demande pourquoi il a été ajouté à la sélection tant chaque plan respire la mignonnerie et l’enfance.
Sound of the Divine Bell de HWANG Jieun
- Année de production : 2024
- Durée : 29 minutes
- Genre : Horreur
Synopsis : Après quatre années de formation religieuse, Susanna attend avec impatience sa cérémonie de vœux qui aura lieu dans trois jours. Cependant, quelque chose cloche autour d’elle. Pourra-t-elle assister à la cérémonie sans problème ?
L’avis de Claire → La sélection alterne film d’animation et film en prise de vue réelle, ce qui est le cas de ce second film. On entre sans préambule dans un couvent de nonne, en plein milieu d’une messe jusqu’à ce que la Mère Supérieure annonce l’arrivée d’une nouvelle nonne : Soeur Susanna. Dès son arrivée au couvent, elle doit partager sa chambre avec une autre nonne, qui est proche de la retraite. À partir de ce moment-là, tout bascule pour la jeune arrivée. C’est un film assez perturbant qui mélange démence et religion avec des phases de cauchemars et d’hallucinations, jusqu’à perdre complètement le spectateur, qui ne sait plus discerner réalité et cauchemar. Un très bon film pour les amateurs de films psychologiques.
Walking Trail de LEE Heywon
- Année de production : 2024
- Durée : 7 minutes
- Genre : Film d’animation
Synopsis : En se réveillant d’une sieste dans un parc en pleine averse, Jo, une jeune grenouille, s’aperçoit que son petit frère Gigi a disparu. Il ramasse alors un autre têtard en chemin. Sa mère n’y verra probablement que du feu…
L’avis de Claire → Un film d’animation totalement loufoque où l’on suit Jo, une jeune grenouille qui parle avec la même voix que les habitants d’Animal Crossing. Celle-ci décide de ramasser un têtard inconnu pour remplacer sa petite sœur, qu’elle a perdu à la suite d’une averse. On assiste également à un conflit entre les grenouilles civilisées (qui sont habillées) et les grenouilles sauvages (qui sont nues). Un film ressenti comme un trip sous acide mais qui détend parfaitement l’atmosphère entre deux films d’horreur.
Bring me the head of a smiling pig de CHANG Wooje
- Année de production : 2024
- Durée : 23 minutes
- Genre : Drame
Synopsis : Daeho est grand, une force de la nature. Pourtant, il est impuissant à trouver une tête de porc qui sourit assez pour le Directeur du Musée d’Art d’Ilsung.
L’avis de Claire → Un film sur la peur du regard des autres et sur la folie humaine, qui nous plonge dans un musée d’art contemporain au patron complètement dérangé, qui souhaite exposer une tête de cochon qui sourit. C’est Daeho qui est chargé de trouver la tête de cochon coupée la plus souriante de Corée du Sud, ce qui le plonge petit à petit dans la folie la plus totale. Le réalisateur a dit s’être inspiré de ses expériences réelles, notamment lorsqu’il était à l’armée pour son service militaire. Un film assez psychologique qui dénonce la nature humaine et la peur profonde du regard des autres, une peur assez présente chez les jeunes en Corée du Sud.
Fish in the shattered world de KIM Gury
- Année de production : 2024
- Durée : 7 minutes
- Genre : Animation
Synopsis : Après le chaos, au cœur d’un monde ravagé par les zombies, il ne reste plus qu’une maigre lueur d’humanité dans les décombres : une femme et… son poisson.
L’avis de Claire → Dans ce film d’animation, le monde a été envahi par un virus transformant les humains en zombies. Il ne reste qu’une seule survivante, qui s’est réfugiée dans un aquarium lorsqu’elle a réalisé que les zombies ont…peur de l’eau. A nouveau, c’est un film qui traite de cette fameuse peur du regard des autres, associée cette fois à celle du monde du travail, dénoncée au travers d’un court flashback de deux minutes au milieu du film.
Flicker de OH Daeun
- Année de production : 2024
- Durée : 14 minutes
- Genre : Thriller
Synopsis : Trois amis font de l’urbex (exploration urbaine) mais vont découvrir des choses pour le moins inquiétantes…
L’avis de Claire → Le premier film de 2024 qui met au cœur de son intrigue le réseau social Tiktok. Dans ce shortcut, on découvre un trio de lycéens passionnés d’urbex, qui décide d’entrer dans un bâtiment abandonné pour y filmer un SDF, dans le seul but de se faire peur et faire le buzz sur Tiktok. Mais une fois au sein du bâtiment, tout déraille et les trois amis se rendent compte trop tard du piège dans lequel ils sont tombés. Le film est angoissant du début à la fin, notamment lié à l’enchaînement de décisions stupides prises par le leader du trio, qui souhaite faire grossir son audience Tiktok. Le film dénonce ouvertement l’idée de la “course aux likes et abonnements” que l’on peut trop souvent voir sur les réseaux sociaux et qui poussent les jeunes à penser à des défis de plus en plus dangereux pour créer de la viralité.
Kangaroo Boy de LEE Jinseok
- Année de production : 2024
- Durée : 14 minutes
- Genre : Horreur, Suspens
Synopsis : Frustré après cinq ans de vaines recherches d’emploi, il décide de devenir un homme de la tribu des Kangourous et de vivre dans la poche ventrale de son père.
L’avis de Claire → Un film d’animation aux images très perturbantes, où un fils décide de s’allier à un médecin étrange pour retourner vivre dans le ventre de son père, afin de ne plus subir la pression de la société à cause de son chômage prolongé. C’est le troisième film de la sélection qui porte sur la peur du regard des autres, et le deuxième qui traite de la peur et/ou du rejet du monde du travail. Le film pousse à la réflexion sur l’importance de “couper le cordon” (de manière littérale dans le film) avec ses parents pour apprendre à voler de nos propres ailes. C’est un film qui rebute visuellement autant qu’il questionne psychologiquement, incarnant la parfaite définition du “body horror” (le body horror est un sous-genre du cinéma d’horreur qui va pousser le plus loin possible la métamorphose des corps jusqu’à perdre tout lien avec le naturel.)
The Nightmare de HAN Seung-won
- Année de production : 2023
- Durée : 19 minutes
- Genre : Horreur
Synopsis : Yu-jin, 9 ans, rêve tous les soirs qu’elle se fait maltraiter par une troupe de cirque. Son frère Yu-Ho lui conseille de se battre contre ses ennemis comme une guerrière. Entre réalité et rêve, Yu-jin devient chaque nuit plus forte.
L’avis de Claire → Pour le dernier film de la sélection, on termine sur un film en prise de vue réelle et qui revient dans le monde de l’enfance, en mettant en scène Yu-jin qui a le même cauchemar tous les soirs, et Yu-Ho, qui cherche à trouver un moyen de l’aider. C’est un film inspirant qui nous propose, comme à Yu-jin, de vaincre ses traumatismes d’enfance pour aller de l’avant et devenir plus fort. Comme un jeu vidéo, le cauchemar de Yu-jin se découpe en trois niveaux, représentant chacun un traumatisme spécifique de sa vie d’enfance (harcèlement scolaire, parents violents…) Le spectateur, comme Yu-Ho, espère après chaque cauchemar que Yu-jin ne se réveille pas en sursaut et qu’elle fasse une nuit complète. Le film nous propose également une très belle relation entre deux frères et soeurs, faisant des parents des personnages quasi-tertitaires. Une conclusion beaucoup moins sanguinolente de ces Strangecuts d’Halloween, qui propose une vision de l’horreur bien plus réelle : les traumatismes liés à l’enfance.
Les Strangecuts 2024 ont présenté un aperçu fort et audacieux de la créativité coréenne sous un format succinct mais fascinant. Cette collection de courts-métrages, qui englobent l’animation, les récits psychologiques et l’horreur, a exploré des sujets aussi variés que le regard des autres, les contraintes sociétales et les traumatismes liés à l’enfance. Les spectateurs ont eu l’opportunité de découvrir des univers fascinants, simultanément perturbateurs et esthétiquement audacieux, qui traduisent les préoccupations et les rêves de la société coréenne contemporaine.